« Ma première réflexion concerne le dépistage qui ne peut être réalisé, "dans la vraie vie", de façon systématique en médecine générale. En revanche, il est tout à fait possible pour le MG d’effectuer un repérage opportuniste, en fonction d’éléments qui ressortent notamment de cette enquête (anomalies biologiques, demande du patient et/ou de l’entourage), mais qui sont déjà trop tardifs. D’où l’intérêt d’autres indicateurs plus précoces comme tout changement négatif sur le plan bio-psycho-social, pouvant aller par exemple de certaines pathologies (HTA, troubles digestifs…) à des difficultés nouvelles au travail en passant par des troubles anxieux ou dépressifs… Ces indicateurs et bien d’autres doivent amener à interroger le patient sur l’alcool de façon à repérer plus précocement les troubles liés à son usage.
Un autre élément frappant est le recours rapide des médecins généralistes aux médicaments, avec une tendance à délaisser les prises en charge comportementales, psychologiques. Leurs choix de prescription et leurs attentes montrent qu’il est urgent pour eux de disposer de médicaments efficaces. Quant à la prescription du baclofène, elle est probablement surestimée.
Le besoin d’information et de formation exprimé par les médecins amène à insister sur l’intérêt de la formation en addictologie des MG installés qui est souvent insuffisante, mais aussi sur la formation initiale des jeunes médecins dans le cadre des départements de médecine générale afin qu’ils soient préparés à aborder la question alcool avec facilité. »
Propos recueillis auprès du Dr Philippe CASTERA, médecin généraliste à Bordeaux, maître de conférences associé de médecine générale pour l’université Bordeaux Segalen et coordinateur du réseau AGIR33-Aquitaine.
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