« LES PATIENTS prenant du dextropropoxyphène (DXP) depuis des années pour des douleurs chroniques peuvent être très anxieux à l’idée d’être privés de leur médicament, explique au " Quotidien " le Pr Alain Serrié, responsable du département Diagnostic et Traitement de la Douleur à l’Hôpital Lariboisière. Surtout les sujets âgés. Certains ont même fait des stocks de 4 à 6 mois pour repousser l’échéance. Le retrait ne pose pas de problème particulier pour les prises occasionnelles. » Annoncé en novembre dernier par l’Afssaps, le retrait du DXP est effectif en France depuis le 1er mars 2011. Cette mesure fait suite à la décision de la Commission européenne en juin dernier de retirer toutes les spécialités contenant du DXP de l’ensemble du marché européen.
Alors que répondre aux patients ? « Il faut rassurer les gens, positiver la situation et mettre à profit le retrait, poursuit le spécialiste. C’est avant tout l’occasion de réévaluer la douleur, le mécanisme physiopathologique et l’observance. Il faut peut-être réadapter le traitement. Si la douleur relève toujours d’un antalgique de palier 2, c’est-à-dire qu’elle est comprise entre 3 et 6 sur l’échelle visuelle analogique (EVA), il existe encore quatre autres options possibles ». À savoir les associations codéine-paracétamol, les associations tramadol-paracétamol, le tramadol seul et l’association paracétamol, poudre d’opium et caféine.
« Il faut néanmoins savoir que 13 % de la population présentent un trouble de la métabolisation de la codéine, poursuit le spécialiste. Quant au tramadol, il peut donner des effets secondaires chez les sujets âgés. Si le niveau de la douleur se situe à ≤ 3, on peut tenter des antalgiques de niveau I, comme le paracétamol et les AINS en cure courte, en particulier dans les gonarthroses. Si la douleur est › 6, il faut passer aux antalgiques de niveau III. »
Il n’en reste pas moins qu’un médicament en moins, c’est une chance en moins. « Une prise chronique peut entraîner un phénomène d’accoutumance et certains patients vont rencontrer des difficultés de sevrage, note malgré tout le Pr Serrié. Ce qui est dommage, c’est qu’il n’existe pas ou peu de mésusage en France. La décision a été appliquée pour l’ensemble de la communauté européenne, alors que les cas rapportés sont survenus en Suède et au Royaume-Uni. »
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