« Les choses s’améliorent, mais je suis toujours atterré du très faible niveau de connaissances médicales des magistrats que nous prenons en formation. » Le Dr William Lowenstein, président de SOS addiction, ne cache pas sa volonté de voir une meilleure articulation entre les intervenants médicaux et judiciaires dans la prise en charge des délits liés à la consommation de drogue.
La magistrate Katherine Kornier, présidente du conseil d’administration de l’observatoire français des drogues et les toxicomanies, a objecté que « la justice a fait de nombreux progrès dans les aménagements des peines proposées pour des actes de violences liés à la consommation de drogues ou d’alcool. Il faut cependant bien séparer l’acte délictueux pour laquelle la magistrature est suivie et la rechute d’un point de vue médical. »
Cet échange entre le médecin et la magistrate donne le ton de la première rencontre du cycle spécial organisé par la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) afin de préparer la position française lors de la prochaine session spéciale de l’assemblée générale des Nations Unies (SEAGNU) consacrée à la politique des drogues.
La MILDECA lancera bientôt, sur toute la France, une évaluation des ressorts médicojudiciaires employés, suite à une interpellation. « Les lettres de cadrage sont en cours de finalisation, nous espérons que l’évaluation sera terminée à temps pour la SEAGNU », précise Danièle Jourdain Menninger, directrice de la MILDECA.
La requalification de la peine encourue pour consommation de cannabis a également fait l’objet de vifs débats. Danièle Jourdain Menninger a rappelé l’opposition de la MILDECA à la dépénalisation : « Nous voulons éviter toute banalisation, a-t-elle argumenté, la consommation récréative des adultes ne me pose pas de problème, mais celle des 10 % de jeunes ayant une consommation pathologique, oui. »
Trois autres réunions doivent se tenir avant la SEAGNU entre fin septembre 2015 et février 2016. La première traitera de l’argent de la drogue, la seconde aura pour sujet la prévention des conduites addictives des jeunes, et la dernière consistera en une finalisation de la position générale de la France. Ouvertes à tous, leurs lieux, dates et modalités d’inscription seront communiqués dans la lettre « Flash Info » de la MILDECA.
Un monde en 3 blocs
Depuis la dernière assemblée générale de l’ONUDC, en 1998, les gouvernements du monde entier misaient massivement sur la répression. La géopolitique de la lutte contre la toxicomanie a depuis radicalement changé. « En 2012, plusieurs pays sud-américains, sous l’impulsion de la Colombie, du Mexique et du Guatemala, ont totalement revu leurs stratégies répressives qui étaient jusque-là mises en échec suivies par les États-Unis », explique Michèle Ramis, ambassadrice française chargée de la lutte contre la criminalité organisée.
Le monde se divise désormais « en 3 blocs », poursuit-elle, « un bloc libéral constitué de l’Amérique du Nord et de pays d’Amérique du Sud, un bloc conservateur répressif mené par la Russie, les pays d’extrême orient et une partie de l’Afrique. » La France, elle, a « une approche très droit-de-l’hommiste », partagée par l’Europe et l’Australie, selon Danièle Jourdain-Menninger, avec « une politique pénale qui permet des peines de substitution, et une lutte sans relâche contre les trafics. » Les Français espèrent que cette position intermédiaire fera consensus auprès des membres de l’ONUCD.
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