LES PATIENTS atteints de cancer en France sont de plus en plus nombreux. Leur espérance de vie a également beaucoup augmenté. Les diagnostics plus précoces et les nouveaux traitements - permettant de survivre très longtemps au cancer - expliquent ce fait. « Nous avons appris à gérer des traitements sur des périodes qui étaient inenvisageables auparavant. Je prends, par exemple, en charge une patiente atteinte d’un cancer du sein métastasé à l’os qui utilise des morphiniques depuis vingt ans et dont les lésions ne sont pas évolutives mais restent douloureuses », souligne le Dr Jean-Gabriel Béchier, médecin algologue au Centre d’évaluation et de traitement de la douleur à l’hôpital privé « Les Franciscaines », à Nîmes.
Selon l’enquête Européenne sur la douleur du cancer (EPIC-2007), 75 % des patients atteints de cancer sont confrontés à la douleur au cours de l’évolution de la maladie. Mais deux tiers* d’entre eux sont insuffisamment traités pour leur douleur. « Cette insuffisance de traitement provient tant des médecins que des infirmiers. Les oncologues ne prescrivent pas assez d’antidouleurs et lorsqu’ils les prescrivent, les infirmières ont parfois des réticences à les administrer. Les médecins de la douleur doivent se battre, chaque jour, contre ces freins à l’utilisation des opioïdes », regrette le Dr Béchier. La douleur cancéreuse est d’origine mixte : elle peut être liée à la maladie (dans 70 % des cas : métastases osseuses ... ), aux traitements (20 % des cas ) ou être sans lien direct avec le cancer (10 % des cas).
Accès paroxystiques.
La douleur chronique du patient atteint de cancer peut s’accompagner d’accès douloureux paroxystiques (ADP) : exacerbations passagères d’une douleur chronique par ailleurs contrôlée par un traitement de fond opioïde. Ces ADP durent en moyenne 30 minutes. Sévères et pénibles, ils limitent les activités quotidiennes. Ils peuvent être imprévisibles ou prévisibles et survenir lors d’actions du patient (mouvement, défécation, miction ...) ou être provoqués par des soins (mobilisation, toilette...) ou des actes médicaux.
Les nouvelles recommandations* communes de l’AFSOS**, de la SFAP** et de la SFETD** permettent de mieux les prendre en charge. « Nous savons désormais que la majorité des ADP, quel que soit leur mécanisme physiopathologique, répond à l’administration de citrate de fentanyl transmuqueux. Cette molécule peut également être utilisée pour traiter de façon préventive un ADP prévisible (notamment pour les soins). Toutefois, les différentes formes de fentanyl transmuqueux ne doivent pas être utilisées pour équilibrer ou traiter la douleur de fond », précise le Dr Philippe Poulain, médecin douleur à Tarbes, qui a présidé le groupe d’experts.
Avant de prendre en charge la douleur des patients souffrant de cancer, les médecins doivent d’abord procéder à un interrogatoire conséquent (devant durer au moins une heure), puis à une phase d’évaluation de la douleur à l’aide d’outils spécifiques, suivie de l’examen du patient. « Ce n’est qu’après toutes ces étapes que nous pouvons proposer un traitement opioïde adapté à chacun de nos patients. Nous devons également les revoir régulièrement pour évaluer l’impact de la prescription sur la douleur et la réadapter si besoin », conclut le Dr Béchier.
* Mise au point sur l’utilisation du fentanyl transmuqueux chez le patient présentant des douleurs d’origine cancéreuse ; Doi : 10.1016/j.douler.2011.12.008 ; sous la présidence de Philippe Poulain. L’intégralité de ces recommandations est disponible sur le site Elsevier Masson : http://www.em-consulte.com/
**AFSOS (Association francophone pour les soins oncologiques de support), SFETD (Société française d’étude et de traitement de la douleur), SFAP (Société française d’accompagnement et de soins palliatifs).
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