Le dernier cheval de bataille de Marlène Schiappa n’est pas du tout du goût de l’Ordre des médecins. Lors d'une audition le 20 juillet devant la Délégation aux droits des femmes du Sénat, la nouvelle secrétaire d'État chargée de l'Egalité entre les hommes et les femmes a en effet annoncé qu’elle avait « commandé au Haut Conseil à l’Egalité un rapport sur les violences obstétricales. » Et la responsable gouvernementale de souligner qu’en France on constate « un taux d’épisiotomie à 75 %, alors que l’OMS préconise autour de 20 à 25 %. » La polémique n’est pas nouvelle, puisqu’elle avait trouvé un écho dans un récent pamphlet de Martin Winckler intitulé « Les brutes en blanc ». La Secrétaire d’État auprès du premier ministre ajoute que « les femmes étrangères, les femmes très jeunes et les femmes handicapées » seraient les premières victimes de ces pratiques.
Cette intervention ministérielle inquiète vivement les responsables du Conseil national de l’Ordre des Médecins. Dans un communiqué publié mardi, le cnom « regrette les propos » de Marlène Schiappa et les juge « mal documentés ». L’ordre s’inscrit en faux contre les chiffres avancés au Sénat : « La dernière enquête nationale périnatale, menée en 2010, faisait ainsi état d’un recours à l’épisiotomie dans 27 % des accouchements, une baisse importante par rapport au décompte de 1998, qui s’élevait à 47 %, » réplique-t-on au Cnom, où l’on s’étonne par ailleurs des accusations de discriminations à l’égard des parturientes les plus défavorisées.
Au total, l’Ordre déplore que la secrétaire d’État s’est « fait le relais de propos visant à discréditer les gynécologues et obstétriciens français. ». Au Cnom, on se désole de voir la ministre attaquer ainsi « l’ensemble d’une profession dont la bientraitance envers les femmes est la tâche quotidienne, au risque d’aggraver la défiance des femmes envers le corps médical dans son ensemble. » Au-delà, l'ordre s'inquiète sur les conséquences sur les vocations, dans une spécialité qui a plutôt tendance à en manquer. Et de réclamer à Marlène Schiappa un rendez-vous avec les représentants de l'Ordre et du CNGOF.
Lors de son audition au Sénat, Marlène Schiappa a par ailleurs indiqué qu'elle travaillait à "sécuriser l'IVG". Elle estime que la suppression récente du délai de réflexion pour l'IVG n'était pas assez connue des médecins :« nous travaillons avec la ministre de la Santé sur une plus vaste information des professionnels de la santé,» a-t-elle dit.
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