De plus en plus, la Mission « permanence de soins » de l’Assemblée Nationale, qui planche sur le sujet depuis la fin novembre semble avancer sur un terrain miné. En décembre, c’étaient les propos de Marc Giroud, patron du SAMU de France, qui avaient suscité la colère des syndicats de médecins libéraux. Cette fois, c’est l’intervention d’Antoine Durrleman le 9 janvier qui déclenche les indignations. L’UNOF dans un communiqué stigmatise les propos du président de la 6e Chambre de la Cour des comptes, qui fut dans une vie antérieure, Directeur général de l’AP-HP et surtout conseiller social du Premier ministre en 1995-1996 et à ce titre principal artisan du « Plan Juppé »…
Devant les députés de la Mission PDS que préside le médecin UMP Jean-Pierre Door, Antoine Durrleman n’a pourtant rien dit qui ne figurait déjà dans le chapitre PDS du dernier rapport de la Cour des Comptes. Et pour cause, c’est lui qui a présidé à la rédaction de ce document diversement apprécié chez les généralistes.
Posément, méthodiquement, le magistrat a donc déroulé sa démonstration devant les élus: à l’entendre, la PDS coûte trop cher et pour un service rendu à la population de moins en moins évident. Il pointe la baisse des généralistes volontaires pour faire des gardes, la trop forte propension de l’Ordre a en exempter les praticiens passé 60 ans et la timidité des préfets qui hésitent trop à réquisitionner.
Devant les élus de la Mission Door-Lemorton, Antoine Durrleman évoque aussi une permanence de soins « qui n’a plus de caractère généralisé, ni sur le plan temporel, ni sur le plan géographique ». Dans la bouche du haut fonctionnaire, cela signifie qu’un bon nombre de secteurs ne fonctionnent plus en nuit profonde et qu’il reste encore trop de secteurs de garde en France, notamment dans certaines régions dans lesquelles « les efforts de restructuration ne sont pas suffisants. »
ght="2M. Antoine Durrleman, Pdt de la 6ème chambre de... par assemblee-nationale-fr
Au bout du compte, seule la participation des libéraux un peu partout à la régulation semble finalement satisfaire la Cour. Mais son représentant souligne quand même son insuffisante coordination -car les différents dispositifs de régulation « coexistent plus qu’ils ne coopèrent »- et sa relative efficacité -40% des actes médicaux de PDS étant effectués, selon lui, sans régulation préalable.
Devant les députés, Antoine Durrleman revient les préconisations de la Cour. Et notamment les trois principales : réduire encore les secteurs de garde, encourager les MMG si et seulement si elle se trouve dans ou proche d’un hôpital et enfin mettre en place une enveloppe régionale pour toute la PDS…
Une dernière suggestion qui fait bondir l’UNOF, qui y voit une volonté d’organiser « une gestion comptable » du dispositif. Pour le reste, les généralistes CSMF accusent le président de la 6ème Chambre de la Cour des comptes de vouloir « revenir à un système ultra coercitif, en confiant le pouvoir de réquisition aux directeurs d’Agences Régionales de Santé (ARS), qu’il qualifie de « préfets sanitaires en charge de la santé publique », afin de pouvoir les réarmer face aux médecins prétendus récalcitrants. »
Et voilà la polémique relancée ! Car, quelque soit les conclusions que retiendra la Mission PDS de l’Assemblée l’été prochain, le syndicat de Luc Duquesnel prévient qu’il s’opposera « au retour du bagne pour les seuls médecins généralistes libéraux, menés à la baguette par les directeurs d’ARS au motif que les hôpitaux publics sont dans l’incapacité de réguler l’accès à leurs services d’urgence. »
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