« La proportion de professionnels vaccinés est insuffisante au regard des objectifs de santé publique », constate l'Académie nationale de pharmacie qui vient de publier un rapport sur la vaccination des professionnels de santé où elle recommande d'étendre l'obligation vaccinale.
« L'obligation vaccinale des professionnels de santé a deux objectifs indissociables : protéger les soignants et protéger les patients d'une contamination par le soignant », rappelle l'Académie.
Face à une situation qu'elle juge « alarmante », elle a mis en place un groupe de travail pour faire le point sur la stratégie vaccinale des professionnels de santé et émet des propositions pour y remédier.
Des motifs semblables à ceux de la population générale
Le rapport met en évidence les motifs de refus et les raisons incitant les professionnels à se faire vacciner contre la grippe saisonnière (maladie pour laquelle il y a le plus de données disponibles). Identifier ces freins et ces leviers est essentiel pour changer les habitudes de vaccination.
« La perception négative de la vaccination, son refus et les motifs d’abandon cités par les professionnels de santé sont globalement les mêmes que pour la population générale et le plus souvent identiques dans les différentes catégories de personnels », remarque l'Académie. Ainsi, les motifs évoqués sont notamment les doutes sur l'efficacité du vaccin, l'opposition à la vaccination et la crainte d'effets secondaires.
Le fait de se protéger et/ou de protéger les autres est en revanche une des principales motivations pour se faire vacciner contre la grippe, avec le fait d'avoir conscience de la sévérité de la maladie et la conscience professionnelle poussant à montrer l'exemple.
Renforcer les mesures en place
Pour renforcer et aller au-delà des mesures déjà en place, l'Académie a élaboré plusieurs recommandations, à destination des professionnels mais aussi des pouvoirs publics.
Concernant les vaccins recommandés (ceux contre la grippe, la varicelle, la coqueluche, la rougeole, la rubéole et l’hépatite A), la vaccination peut devenir obligatoire en cas de risque élevé d’exposition à une maladie grave pour le professionnel, de risque de transmission à la personne prise en charge et d'existence d'un vaccin efficace et bien toléré, dont le rapport bénéfices/risques est en faveur du vaccin. L'Académie propose que « l’obligation vaccinale des professionnels de santé repose en priorité sur les risques d’exposition et de transmission à des populations fragiles et le rapport bénéfices/risques individuel et collectif ». Elle demande également l'obligation vaccinale contre la rougeole, la coqueluche et la varicelle pour certains professionnels de santé.
Actuellement, les vaccins obligatoires concernent uniquement l’hépatite B et le DTP (diphtérie, tétanos et poliomyélite) – la vaccination contre le BCG n'est plus obligatoire depuis mars.
Harmoniser les pratiques au niveau européen
Concernant la grippe saisonnière, l'Académie souhaite notamment que « la vaccination soit obligatoire pour tous les professionnels médicaux, paramédicaux et pharmaceutiques en formation ou exerçant dans une structure de santé ou de soins, publique ou privée, y compris tous les personnels des pharmacies d’officine en contact avec les patients ». Elle appelle à la mise en place de mesures préventives pour protéger les personnes âgées, telles que la limitation des visites, et se prononce également en faveur de la mise en place d'un système de traçabilité de la vaccination.
Globalement, l'Académie déplore l'absence de structure permettant d'évaluer la « réalité de la vaccination ». Si la couverture pour les vaccins obligatoires dépasse les 90 %, celle des vaccins recommandés est peu documentée.
Par ailleurs, les politiques vaccinales étant divergentes au sein de l'Europe, l'Académie appelle à une harmonisation des recommandations et du calendrier vaccinal.
L'Académie s'est aussi prononcée en faveur d'un renforcement de la formation initiale et continue en vaccinologie et de la lutte contre les fausses informations. Enfin, elle soutient les propos de la ministre des Solidarités et de la Santé en faisant « appel à la déontologie des professionnels de santé en vue d’une conduite exemplaire auprès des personnels de santé et de la population ».
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