Comment les habitants de ce pays seront-ils soignés demain ? Que proposer concrètement face aux problèmes de désertification médicale ? Trois propositions complémentaires sont à explorer.
1re proposition
Celle, pour les soignants et les soignés, de se regrouper, au sein des différents territoires de santé, dans des SCIC (= Sociétés Coopératives d’Intérêt Collectif). Il s’agit de Sociétés indépendantes (vivant des services qu’elles rendent, comme, actuellement, les cabinets médicaux isolés ou en groupe…), mais soutenues financièrement par l’ARS, par les organismes d’assurance sociale (Sécu et mutuelles), par les Collectivités locales, par des industriels locaux, par des associations de patients…
Ces SCIC, indépendantes financièrement, fonctionnent comme des associations loi 1901 et chaque adhérent à droit à une voix lors des assemblées décisionnelles. Les organismes-soutiens sont regroupés en « collèges » pour participer à la vie de la SCIC et garantir leur pérennité. Les adhérents peuvent élaborer des stratégies de soins, de prévention-santé et les mettre en place ensemble (Éducation Thérapeutique des Patients, repas-rencontre entre soignants, formations des soignants, vie associative…).
La liberté de prescription, de choix du lieu d’installation et du mode d’exercice est préservée, les adhérents soignants pouvant exercer dans leur propre cabinet, isolément ou en groupe, ou dans une structure de type Maison Pluridisciplinaire de Santé (MPS), sous le mode libéral ou sous le mode salarié, ou encore un mix des deux…
Il s’agit de s’organiser pour une mise en œuvre territoriale de santé publique tout en garantissant une grande souplesse pour les soins à donner à la population et pour rendre attrayante la fonction des soignants dans le cadre conventionnel avec les organismes d’assurance sociale : une recherche de simplification à l’extrême de la tenue des dossiers-patients (DMP généralisé, comptabilité automatique…) et des relations de paiement de ces structures en SCIC seront mises en place (il sera créé des organismes, répartis sur le territoire, spécialisés pour évaluer l’activité économique de ces SCIC et pour assurer le paiement de l’activité soignante à max J +5 avec le suivi comptable : sur l’exemple de sociétés telles que Espage ou Séphira…).
Ce type de sociétés permettrait d’organiser une solidarité intergénérationnelle des médecins pour l’accès aux soins pour tous et partout, tout en assurant un développement professionnel continu, des congés et en permettant au médecin une vie familiale et sociale (vie associative, culturelle, sportive…).
2ème proposition
La 2eme suggestion s'adresse à l’État, responsable d’une politique de santé permettant l'égalité d’accès aux soins : à l’instar de ce qui se fait pour l’Éducation Nationale, doivent être organisées des incitations et des obligations pour lutter contre les déserts médicaux. Par exemple : stages chez le praticien effectués dans des structures territoriales de soins primaires. Et on pourrait organiser les 2 ou 3 premières années d’exercice de la médecine pour venir en aide à des praticiens exerçant dans des zones désertifiées.
Ces 2 ou 3 premières années, intégrées aux études de médecine, seraient considérées comme complément de formation, notamment à la relation médecin malade (puisque, c’est bien connu, la médecine générale, c’est 80 % de relationnel : en juin 2016, l’Académie de Médecine a conclu que la médecine de l’avenir passe par la médecine générale et comme un service civique, rémunéré à sa juste valeur… avec possibilité d’exercice conjoint en ville et à l’hôpital…
3eme proposition
Enfin, nous, acteurs de terrain, avec les pouvoirs publics, devons alimenter le débat par des propositions concrètes pour faire disparaître ces déserts médicaux. Recherchons le soutien de la population, des élus locaux, de la presse.
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