C’est un budget de la Sécu 2021 historique qui a été adopté lundi soir à l’Assemblée nationale. Le texte a été voté en lecture définitive par 67 voix contre 39. Le Sénat, dominé par l'opposition de droite, avait rejeté ce PLFSS la semaine dernière, laissant sa validation au nom du Parlement aux seuls députés.
À l'épreuve de la crise
Déjà plombés par la crise sanitaire, les déficits de ce budget 2021 n’ont cessé de s’aggraver même au cours de l’examen en pleine deuxième vague et alors que de nouveaux crédits étaient débloqués. Le ministre de la Santé Olivier Véran a reconnu que la crise sanitaire a « mis à l'épreuve tant de dogmes, tant de certitudes » en matière de rigueur budgétaire, qu'aujourd'hui « l'équilibre peut sembler loin ».
Sur fond de couvre-feux et de reconfinement, les chiffres ont été à plusieurs reprises revus au fil des séances : le déficit pour 2020 passe ainsi de 46,6 à 49 milliards d’euros. Les prévisions pour 2021 sont elles aussi mauvaises, avec un déficit revu à 35,8 milliards d'euros, contre 28 milliards prévus. Covid oblige, les comptes sont écartelés entre de moindres rentrées d'argent en raison de la crise économique, et des dépenses qui explosent pour les hôpitaux en surchauffe, les tests, les salaires des soignants etc. Et désormais la campagne de vaccination qui se profile. Olivier Véran avait annoncé en octobre une rallonge pour cette année de 2,4 milliards d'euros pour créer 4 000 lits d'hôpital « à la demande », et avancer les hausses de salaires des soignants prévues par le « Ségur de la Santé ». Un mois plus tard, son collègue chargé des Comptes publics, Olivier Dussopt, a alourdi de 7,8 milliards le déficit prévu pour 2021.
Des miettes pour la médecine de ville
Malgré ces chiffres vertigineux, les moyens alloués à la médecine de ville dans ce budget 2021 sont faibles. Pour les médecins libéraux, les principales dispositions à retenir sont la prorogation de l’actuelle convention médicale, la prise en charge à 100 % des téléconsultations par l’Assurance maladie jusqu’en 2021, la fin du délai de carence de 90 jours en cas arrêt maladie, ou encore la réforme du financement des syndicats.
Olivier Véran a estimé, « nous n’avons pas à rougir » de ce budget qui permet de faire face à la crise, et contient aussi des avancées sociétales. C’est le cas de la mesure emblématique du doublement de la durée du congé de paternité, porté de 14 à 28 jours. Le texte entérine aussi la création d'une nouvelle branche de la Sécurité sociale, dédiée à la dépendance, même si son financement reste à trouver. 200 millions d’euros seront consacrés à la revalorisation des salaires des aides à domicile, intervenant chez les personnes âgées et les handicapés. Autre mesure notable, les personnes se rendant aux urgences sans être hospitalisées devront débourser un « forfait » de 18 euros, en remplacement de l'actuel « ticket modérateur ».
La mesure adoptée au Sénat de reporter l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 63 ans pour redresser les comptes sociaux, n’a pas été conservée. En revanche les parlementaires ont fait passer plusieurs dispositions pour renforcer la lutte contre la fraude à la Sécu, qui ne figuraient pas dans le projet initial.
(avec AFP)
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