En soumettant une proposition de loi (PPL) prévoyant la création d’une nouvelle profession médicale intermédiaire, des députés de la majorité, emmenés par Stéphanie Rist (rhumatologue) et Christophe Castaner (ancien ministre de l’Intérieur, président du groupe La République En Marche à l’Assemblée) se sont attiré les foudres de la communauté médicale, hospitalière comme de ville. Car si le principe de la création de ce métier avait été acté lors du Ségur de la Santé, une mission exploratoire devait dans un premier temps être confiée aux Conseils des Ordres des médecins et des pharmaciens. Or, les députés LREM se sont affranchis de cette étape et ont proposé sans plus attendre de créer cette profession censée pouvoir prescrire, entre l’infirmier et le médecin à l’hôpital. Vendredi dernier, le Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom) est donc monté au créneau.
Un timing qui interroge
Assurant n’avoir jamais reçu de lettre de mission, l’Ordre a indiqué « qu’il ne conduirait pas, en l’état, la mission qui devait lui être confiée » et réclamé la suppression du passage de la proposition de loi prévoyant la création de cette profession. De leur côté, les syndicats de médecins libéraux se sont unis pour dénoncer cette PPL et s'opposer à la naissance de ce nouveau métier dont « le rôle et les missions sont obscurs ». La CSMF, MG France, la FMF, le SML et Le Bloc redoutent notamment qu’une telle profession fasse de l’ombre aux infirmières de pratiques avancée. Les syndicats pointent un timing mal venu, « à l’heure où tous les professionnels de santé doivent se coordonner, unir leurs efforts pour lutter contre une épidémie majeure et dévastatrice ». « Il est temps de recentrer les efforts pour la santé sur les enjeux actuels et non de partir dans une déstructuration… », affirment-ils dans un communiqué commun.
Devant l’opposition de la profession et le risque de conflit, Olivier Véran aurait invité les députés LREM à supprimer l’article en question de la proposition de loi, selon les infos du quotidien Libération.
« Il est grand temps de parler des contours de nos métiers », estime le SML
Martelant son opposition à ce projet lors d’une conférence de presse tenue mardi, le président du SML, Philippe Vermesch, a estimé que l’heure était venue d’engager une réflexion sur les contours des métiers de soignant. « Le gouvernement est allé prendre des morceaux de la médecine pour les donner aux infirmiers et aux pharmaciens, il y a aussi du transfert du côté des infirmiers, alors que personne n’a été consulté sur ces transferts de compétences, a-t-il observé. Il est donc grand temps que nous nous réunissions pour discuter des contours des métiers de chacun. Je ne suis pas opposé à ce que les infirmiers ou les pharmaciens fassent une partie du travail du médecin, mais à condition que le médecin s’y retrouve aussi. » Pour le président du SML, une telle discussion permettrait de déterminer « les évolutions réellement nécessaires ».
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