D’ici à la généralisation du tiers payant, prévue pour le mois de janvier, les caisses ont quand même intérêt à s’acheter une conduite… Si l’on en croit une récente thèse sur le sujet soutenue à Toulouse au début de l’été, le tiers payant coûterait en effet assez cher en temps et en argent aux médecins qui le pratiquent. Ce travail, qui confirme la réticence des médecins généralistes vis-à-vis du tiers payant généralisé obligatoire montre pourtant qu’ils sont nombreux aujourd’hui dans la profession à faire du tiers payant, un peu comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, c’est-à-dire de temps en temps au fil de leur consultation. L’auteur – qui a interrogé 181 confrères de la région Midi-Pyrénées évalue à 32 %, la proportion de soins réalisés en dispense d’avance de frais dans son échantillon, seule une minorité de praticiens (5,52 %) se cantonnant aux circonstances obligatoires. La majorité l’utilisant aussi à l’époque (enquête réalisée en 2015), au-delà de la CMU et des accidents du travail, pour des raisons sociales ou médicales (ALD). Dans le détail, une majorité (55 %) se limite à la part sécu. Le reste y ajoutant la part de certaines mutuelles (27 %) ou systématiquement de toutes les complémentaires (15 %).
Pourquoi fait-on du tiers payant quand on est généraliste ? Essentiellement pour faciliter la vie des gens ou la sienne. Selon la thèse, les praticiens y ont recours pour un bon nombre d’actes aux personnes âgées et notamment en EHPAD, dès qu’un acte est un peu plus coûteux (gardes, actes techniques, actes gynécologiques…), mais aussi en cas de consultations rapprochées et bien sûr dès qu’un patient est en difficulté financière. Mais ça ne suffit pas à convaincre une grande partie de la profession. Et pour cause : il se confirme que c’est une activité chronophage. Le temps passé à contrôler ses remboursements va de 10 minutes à 7 heures par semaine et est en moyenne de 1 h 21 hebdomadaire. Et encore, quand cela est possible… Car en ce qui concerne la part sécu, plus du quart des praticiens évoquent ces « retours Noémie » groupés qui empêchent de retrouver le détail. Et les principales plaintes sur ce point concernent l’opacité des décomptes des mutuelles.
De surcroît, l’immense majorité (80 %) des médecins estime subir des pertes de revenu : de 16 à 1 250 euros par mois allégués, avec une moyenne de 187 euros. À l’origine de ce manque à gagner figurent notamment les rejets de feuilles de soins, pointés par 83 % de ces généralistes du sud-ouest. L’auteur de la thèse, Adeline Liquière évaluant à 2,60 % le taux de feuilles rejetées pour des motifs qui tiennent souvent au circuit du patient : absence de médecin traitant déclaré, non-respect du parcours de soins, droits pas à jour…
Si l’on en croit les engagements pris ces derniers mois par l’assurance maladie en vue du déploiement du TPG, ces errements devraient bientôt appartenir au passé… Mais pour l’heure, on ne sera pas surpris de constater que la majorité du panel réuni par la thésarde se montre inquiète pour la suite des évènements. 73 % craignent en effet que le TPG ait des conséquences négatives sur la pratique quotidienne de leur profession et sur la santé publique. Et sans surprise, c’est le caractère chronophage du dispositif, pointé par 50 % de l’échantillon qui est redouté d’abord, 46 % évoquant aussi des risques pour la liberté de prescription et 45 % pour leur statut de libéral.
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