Le projet de la loi santé 2022 a été adopté en première lecture. « Les carottes sont -elles cuites » ?* L’Assemblée Nationale a adopté en première lecture le projet de Loi «Ma santé 2022». Le Sénat a maintenant la parole et le vote en seconde lecture aura lieu en mai. En moins de 10 ans, ce sera la 4e loi santé. En l’état, on peut déjà apporter un certain nombre de conclusions.
L' étatisation est en marche accélérée vers la nationalisation de la médecine. Cela avec la réforme hospitalière qui s'annonce risque de mener à la désintégration de tout l’édifice. Pourtant, cette loi est globalement bien accueillie sauf par les vrais libéraux et par « l’institut Santé » fondé par Frédérick Bizard. Il prépare un contreprojet pour le Sénat pour essayer d’en corriger ses effets pervers.
La suppression du numerus clausus et la fin de l’ECN examen classant sont adoptés : c’était nécessaire, mais cela n’apportera aucun changement pour régler le problème de la désertification. Les Externes sont devenus des stagiaires, les internes des étudiants en formation, ce qui retarde leur formation et leur volonté de s’installer. Les gardes rémunérées à 7 € de l’heure sont devenues un enfer avec l’afflux sans fin vers les urgences.
Les délégations de tâches aux pharmaciens et aux infirmières pour « soulager les médecins » sont également adoptées mais c’est de la « poudre aux yeux. »
Les députés ont adopté en commission des Affaires sociales le principe d'un stage obligatoire situé en zones sous-dotées pour les étudiants en médecine, lors du deuxième cycle des études médicales, qui conditionnerait l'accès à l'internat. Mais un futur chirurgien ou radiologue y perdrait son temps ! Qui payera les trajets le logement et la nourriture on est dans la pure démagogie stérile !
Parmi les milliers d'amendements déposés les amendements contraignants ont heureusement été rejetés car ils seraient contre productifs, tels les stages obligatoires dans les déserts, le conventionnement sélectif, l’encadrement des dépassements… Reviendront-ils sous la pression de Mélenchon en deuxième lecture ?
L’article 6 de la loi Santé, créant un statut unique de praticien hospitalier, a été également adopté. Il fusionne les statuts de titulaires à temps partiel et à temps plein, il est accessible sans concours. Il permet un exercice mixte public/privé à tous les praticiens hospitaliers. Compte tenu de la réforme du troisième cycle qui éloigne les internes de l'hôpital et leur interdit la garde en responsabilité, cela risque de désorganiser encore plus l'hôpital.
Les ARS, les GHT et les CPTS vont mettre les libéraux sous l'autorité de l'hôpital. Un des articles phares du projet de loi (art 10) propose de renforcer le rôle des Groupements hospitaliers de territoire (GHT) en leur donnant un pouvoir plus fort d'intégration des établissements et le pilotage des ressources humaines et du projet médical des établissements. À travers les CPTS les médecins libéraux devraient être intégrés à ce système… C'est bien une « soviétisation de la médecine ! » Attendons la suite…
Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr .
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes