« Ségur de la Santé » : Véran s'engage à impliquer les libéraux

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Publié le 26/05/2020
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Olivier Véran

Olivier Véran
Crédit photo : GARO/PHANIE

Les médecins libéraux seront-ils les grands oubliés du « Ségur de la Santé » ? Telle était l’inquiétude de leurs syndicats avant l’ouverture lundi de ce chantier visant à améliorer les conditions de travail et les rémunérations des soignants ainsi que la prise en charge des malades. Redoutant un plan très hospitalo-centré, les syndicats avaient pris les devants et prévenu le gouvernement qu’il ne faudrait pas oublier la médecine de ville.

La première réunion ce mardi du « Comité Ségur national », composé d’une quarantaine de participants (syndicats médicaux hospitaliers, fédérations hospitalières, syndicats de médecins libéraux et élus notamment…) était l’occasion de savoir si le message avait bien été reçu. Ce comité sera chargé de « conduire les débats et recueillir les contributions », explique le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. « Ce sera l’instance de pilotage de ce Ségur », ajoute-t-il.

À l’issue de cette première réunion, les Dr Ortiz et Jean-Paul Hamon, président de la FMF, ont confié au Généraliste que le message semblait avoir été entendu, Édouard Philippe, lors la visioconférence de lancement du Ségur, et Olivier Véran, ce mardi, ayant pris le soin d’impliquer les libéraux. « Le ministre de la Santé a dit que le malaise touchait à la fois hôpital et ville », relève le Dr Ortiz. « Il a dit que ce Ségur devait s’appuyer sur l’hôpital, la médecine de ville et le médicosocial », abonde le Dr Hamon.

Si la thématique la plus importante de ce « Ségur » est celle des carrières et des rémunérations à l’hôpital, comme en témoigne la tenue d’une première réunion d'un groupe Ségur national spécifique à ces questions dès ce mardi après-midi, « les libéraux ne devraient pas être oubliés », estime le Dr Ortiz. « Olivier Véran nous a donné la parole (…) Ils ont l’air de vouloir intégrer un peu la médecine de ville, dont acte. On va voir », confie le patron de la CSMF.

Plusieurs groupes de travail

Outre ce groupe spécifique, quatre groupes de travail seront consacrés à la transformation des métiers, à la simplification administrative, aux aspects financiers et à l’investissement, et aux enjeux territoriaux. Des réunions de travail se tiendront chaque semaine jusqu’à la fin juin, où une première synthèse des travaux de l’ensemble de ces groupes sera présentée. Le Ségur devrait lui s’achever à la mi-juillet.

Le délai sera-t-il suffisant ? « Les accords du Grenelle de 68 ont été signés en trois jours, souligne le Dr Ortiz. C’est une question de volonté politique, d’efficacité et de pragmatisme. » « Je ne sais pas si cela va bouger les choses mais la volonté affichée est de le faire », observe pour sa part le Dr Hamon. Pour le patron de la FMF, la priorité sera de mettre fin à la concurrence entre la ville et l’hôpital et de convaincre le gouvernement d’abandonner l'idée d'instaurer un numéro unique pour les demandes de soins et d'opter pour un couple alliant 15 pour les vraies urgences et le 116 117 avec une régulation libérale pour les demandes de soins non programmés. « J’espère que les libéraux vont être entendus, confie-t-il. Si on obtient ça, on n’aura pas perdu notre temps. » La « priorité numéro un » de son homologue de la CSMF sera d'aller vers « moins de bureaucratie » et de « soutenir les organisations et initiatives territoriales mises en place ou se développant à l'initiative des médecins sur le terrain ». Et le néphrologue d’ajouter : « Bien entendu, si on veut réformer l’hôpital de façon efficace, il faut commencer par accompagner la ville dans la réforme indispensable qu’elle doit faire, réglementairement et financièrement. Nous ne ferons pas l'économie d'une revalorisation des soins de ville. Ce n’est pas possible. »

Les médecins libéraux obtiendront-ils gain de cause ? Les paris sont ouverts. Olivier Véran a en tout cas assuré aux participants du « Ségur » qu'il n’avait « pas de feuille de route ou de conclusions tranchées préétablies et qu’on pouvait lui envoyer des contributions » et indiqué que lui-même et Nicole Notat, animatrice du Comité Ségur national, étaient « très preneurs de propositions très concrètes », relate le Dr Ortiz. 

Philippe promet des changements rapides, dont une hausse des salaires « significative » à l’hôpital

Édouard Philippe a promis lundi en ouverture du « Ségur » que « le quotidien des personnels soignants » à l'hôpital changerait « dans les tout prochains mois » en précisant que la question du temps de travail n'était « pas un tabou » et en réaffirmant que la revalorisation des salaires serait « significative ».

Plaidant pour des « changements radicaux », « rapides », « assumés », s'appuyant sur des « moyens nouveaux », le Premier ministre a jugé nécessaire « de garder intacte » la « motivation » des professionnels de santé, mis à l'épreuve par la crise du coronavirus.

La « reconnaissance » envers les soignants, « elle est immense dans notre pays, et elle se traduira, le président l'a dit, dans les rémunérations. Sur ce point, je le dis sans ambiguïté, la revalorisation sera significative », a assuré Philippe, en saluant la résistance du système de santé dont les Français peuvent être « fiers ».
(AVEC AFP)



Source : lequotidiendumedecin.fr