Interrogée mercredi 17 janvier par les députés lors de la semaine de contrôle de l’action du gouvernement sur « l’état de la psychiatrie en France », la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités a tenté de définir les lignes directrices de sa future action à ce sujet « majeur », selon ses termes.
Le constat, tous les députés le connaissent et le citent dans leurs questions. Aurélien Pradié (Les Républicains) dénonce qu’il faut « un an et demi voire deux ans » pour avoir une assistance psychiatrique sur le territoire. Et le suicide est « l’une des premières causes de mortalité chez les moins de 35 ans », déplore-t-il.
Catherine Vautrin lui a répondu qu’il faut « travailler avec nuance, calme et réflexion », notamment lors du Conseil national de refondation (CNR) dédié au sujet de la santé mentale, qui « aura bien lieu » et qui « n’est pas du pipeau », s’est-elle défendue auprès de l’élu LR et de Julie Laernoes (Écologiste), lui opposant une « absence criante de volonté d’enrayer cette crise ».
Mieux répartir l’offre sur le territoire
« Nous avons des moyens beaucoup plus importants qu’avant : arrêtons de nous invectiver et travaillons ! », enjoint-elle. Citant, au passage, les 12 milliards consacrés par l’Assurance-maladie au sujet en 2023, soit une hausse de 32 % par rapport à l’année 2022.
L’enjeu est bien, pour la ministre, de « répartir l’offre sur tout le territoire », tandis que seuls un tiers des 15 000 psychiatres sont en exercice libéral exclusif et que 30 % des postes hospitaliers de cette spécialité sont vacants. Il est donc « urgent de former plus de professionnels », appelle de ses vœux Joël Aviragnet (Parti socialiste), qui rappelle qu’il n’y a « que 700 pédopsychiatres en France, tandis que 2 à 3 millions des moins de 19 ans souffrent de troubles mentaux, créant des files d’attente allant jusqu’à deux ans ».
Il faut ainsi renforcer l’attractivité de la discipline, mais, Catherine Vautrin précise : « Ce qui ne s’est pas fait dans le pays pendant trente ans ne peut pas se faire aujourd’hui en un coup de baguette magique ! »
La difficulté des cas particuliers
Plusieurs fois chahutée, notamment par Jérôme Guedj (PS), qui a autrefois été président du conseil d’administration d’un hôpital psychiatrique, la récemment nommée ministre a riposté tant bien que mal face aux députés : « Au bout de cinq jours, ce serait un peu présomptueux d’avoir réponse à tout ! » Défendant l’action passée du gouvernement, elle a soutenu le décrié dispositif « MonParcoursPsy » et les Assises de la santé mentale.
Devant l’Assemblée nationale, Catherine Vautrin a également évoqué sa visite avec Gabriel Attal au CHU de Dijon (Côte-d’Or) samedi 13 janvier, où elle a, entre autres, rencontré le responsable des urgences psychiatriques. Lequel lui a expliqué toute la difficulté des « cas particuliers » auxquels ils sont confrontés : « Certains patients n’ont besoin que d’une prise en charge de deux heures ou quelques jours, d’autres de semaines voire de mois », a-t-elle raconté. Un des rares moments où elle ne lisait pas ses fiches soigneusement rédigées.
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