« C’était impressionnant de voir toutes ces personnes qui m’ont soutenu sur les réseaux : ça me fait chaud au cœur, merci ! » Par téléphone, ce vendredi, l’émotion de Rayen Fakhfakh, étudiant en cinquième année de médecine à l’Université Paris-Saclay, est palpable. Le jeune homme tunisien de 21 ans avait reçu en mars dernier une obligation de quitter le territoire français (OQTF) de la préfecture de Seine-Saint-Denis.
Mais hier, l’externe a appris qu’après réexamen de son dossier par la préfecture, « il lui a été délivré un titre de séjour au regard de sa vie privée et familiale », pour une durée d’un an. Une décision, apparemment prise le 28 mai, dont il n’avait pas été notifié (et toujours pas officiellement, à date), car son titre de séjour d’un an est toujours en cours de fabrication… « Je suis soulagé, je peux aborder les révisions plus tranquillement », confie-t-il au Quotidien, alors que, la veille, avec les très nombreux appels et messages qu’il a reçus suite à la publication de notre article - de médecins, professeurs et camarades – il n’avait pas pu étudier pour les épreuves dématérialisées nationales (EDN) en octobre prochain.
Soutien énorme sur les réseaux
De fait, sur X (ex-Twitter), de nombreux citoyens – médecins ou pas – avaient relayé notre article, dont le président de l’UFML-S, le Dr Jérôme Marty, qui a publié une série de tweets ayant été vus plus de 625 000 fois.
Dans la foulée, des personnalités du secteur de la santé, ayant une solide communauté, ont eux aussi réagi : le Dr Mathias Wargon, chef des urgences de l’hôpital Delafontaine (Seine-Saint-Denis), le Dr Jérôme Barrière, membre du conseil scientifique de la Société française du cancer, ou encore le généraliste en croisade contre les certificats absurdes, le Dr Michael Rochoy, ont donné un très large écho à cette affaire.
Examen superficiel du dossier ?
Pour rappel, la préfecture avait estimé que le carabin « ne justifie d'aucune insertion professionnelle ni de perspective d'emploi permettant une admission au séjour » et « ne peut pas prétendre à une admission exceptionnelle au séjour au titre de sa vie privée et familiale ». Or, Rayen est externe en médecine, il souhaite travailler en France et ses deux frères vivent eux aussi dans l’Hexagone…
Son avocate, Me Caroline Andrivet, a défendu que le refus préfectoral démontrait « un examen superficiel et une motivation stéréotypée » de son dossier. Elle a donc déposé deux référés : une suspension pour obtenir un titre de séjour provisoire lui permettant de continuer à effectuer ses stages et un second pour contester la décision.
Dans cette démarche, le président de son université (Paris-Saclay) Camille Galap l’a soutenu avec force dans une lettre adressée au tribunal administratif. Dans ce courrier, il affirme que Rayen « poursuit ses études de manière brillante, fait preuve d'une implication remarquable dans les enseignements théoriques et pratiques ». Fin mars, Rayen avait obtenu une « autorisation provisoire de séjour l’autorisant à travailler », imposée par le tribunal administratif, valable jusqu’au 8 novembre. ll attend désormais la décision sur le fond.
Basket, guitare et chirurgie orthopédique
Arrivé en France avec un visa court séjour à 12 ans, en 2016, pour rejoindre son frère – lui-même pharmacien – en région parisienne, Rayen s’est inscrit au collège puis a obtenu un bac mention bien à 16 ans. Au cours de ses études de médecine, il a participé au tutorat santé de sa fac pour aider les étudiants à passer le concours.
Bénévole au sein d’une organisation humanitaire, il n’a toutefois pas pu partir au Togo comme il le souhaitait pour construire une école et faire de la prévention pour les femmes et les enfants, en raison de ses problèmes de papiers. Également guitariste, Rayen a participé dans sa fac à une association musicale qui promeut la pratique d’instruments pour tous.
Ce passionné de basket – du haut de son mètre 90, il joue au poste d’intérieur – envisage d’être chirurgien orthopédiste à Paris. Pour l’heure, il effectue son douzième stage en médecine dans le service de réanimation du centre hépato-biliaire de l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne, AP-HP).
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