Dans une tribune publiée ce vendredi dans « Le Monde », le Dr Florian Porta Bonete, psychiatre, estime que la problématique des déserts médicaux ne pourra être réglée qu’en luttant contre le déterminisme géographique « mortifère » qui pèse sur les étudiants en médecine.
Selon le praticien hospitalier de l’hôpital Charles-Perrens, à Bordeaux (Gironde), l’exode rural et les politiques publiques « qui ont sciemment concentré les activités dans les villes et notamment les plus grandes d’entre elles » expliquent en partie aujourd’hui les problématiques d’accès aux soins. « En santé, le constat est assez simple : la médecine, de premier recours et spécialisée, l’enseignement et la recherche sont concentrés dans les territoires urbains (...) Et aujourd’hui, les universités de médecine sont quasi-exclusivement installées dans les grandes villes », peut-on lire.
Un phénomène qui favorise, selon lui, un profil d’étudiant. « Plus la famille d’un concourant réside proche de l’université, plus il a de chances de s’y inscrire, et plus la réussite au concours de médecine est probable ».
Doper l'enseignement en zone rurale
De là naît, selon le praticien, ce « déterminisme géographique mortifère des étudiants en médecine ». « Si un jeune originaire d’une grande métropole souhaitera sans doute demeurer dans la ville pour exercer, un étudiant originaire de zone rurale voudra possiblement y rester une fois diplômé », écrit-il. Pour corriger cette situation, le praticien appelle à développer l’enseignement, « notamment en première année sélective », dans les villes moyennes. Cela permettrait, selon lui, « de changer en profondeur le profil des étudiants ». « Avec une mixité géographique totalement renouvelée, les aspirations seront différentes » et peut-être davantage tournées vers la ruralité, imagine-t-il.
Le PH appelle plus largement à tisser un lien entre étudiants et territoires isolés en systématisant les stages auprès des médecins de campagne. « Les retours des étudiants en stage dans les zones rurales sont souvent excellents, justifie-t-il. Cette organisation ne peut être que "cousue main", en veillant notamment aux questions de logement, pour qu’elle ne soit jamais considérée comme punitive par les étudiants », met-il en garde.
« On le voit, la problématique des déserts médicaux n’est ni nouvelle ni isolée dans le débat public. Au-delà des positions préfabriquées, prônons une approche positive, de terrain, qui mette de la synergie entre la motivation des jeunes professionnels et les attentes légitimes de la population, autour d’un des droits les plus essentiels qui soient : le droit de se soigner », finit par résumer le psychiatre.
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