Crise sanitaire oblige, Olivier Véran est sans doute le ministre de la Santé que l’on aura le plus vu et entendu pendant son passage avenue de Ségur. « Je quitte aujourd’hui le ministère de la crise, le ministère du quotidien des Français (…), a-t-il d’ailleurs déclaré lors de la passation de pouvoir avec Brigitte Bourguignon samedi 21 mai. Un ministère qui a monopolisé l’attention, les préoccupations, les craintes, parfois les peurs, mais aussi l’espoir d’un pays tout entier ».
L’Isérois se serait bien vu rester à son poste plus longtemps, mais la Première ministre et le président de la République en ont décidé autrement. « Je suis fier d’avoir été sur le pont 24 heurs sur 24, 7 jours sur 7, pour protéger ce que les Français ont de plus précieux. Fier d’avoir tenu bon face à l’impensable, dans une période dont nous parlerons à nos enfants et à nos petits-enfants », a-t-il souligné. Il a aussi rendu hommage aux soignants « un pilier de notre pacte social », tout en souhaitant bon courage à ses successeurs Brigitte Bourguignon et Damien Abad. « Vous serez à la hauteur, je le sais ».
Un premier déplacement sur l'accès aux soins
Sa successeur a l’avantage de connaître déjà les lieux, elle qui était ministre déléguée chargée de l’autonomie, et sa feuille de route n’est pas un mystère. « Ma feuille de route est claire, c’est celle du Président : poursuivre nos efforts pour la prévention, consolider et adapter le système de soins, en ville, à l’hôpital avec l’enjeu particulier de cette lutte contre les déserts médicaux », a-t-elle déclaré. En effet sa priorité affichée est celle « d’assurer l’accès aux soins pour tous ».
« Les solutions miracles n’existent pas face à des problèmes accumulés depuis des décennies. Jusqu’à ce que la suppression du numerus clausus produise ses effets, nous allons devoir gérer cette pénurie de médecins accélérée par une pyramide des âges vieillissante et une évolution des mentalités », a-t-elle prévenu.
La nouvelle ministre a dit vouloir construire les solutions « territoires par territoires avec les élus, avec les citoyens, avec les acteurs de santé de la ville et de l’hôpital ».
C’est dans cet esprit que son premier déplacement officiel en tant que ministre de la Santé a eu lieu samedi après midi dans une maison de santé pluriprofessionnelle d’une zone rurale du Pas-de-Calais. Elle a salué le succès de cette structure de Gauchin-Verloingt, ouverte en 2018, et mis en avant ce modèle « qui montre que la ruralité innove pour offrir aux Français une offre de santé de proximité et de qualité, mobilisant tous les acteurs du territoire ».
La ministre a appelé à ce que ces MSP deviennent « de vrais lieux de stage, de formation, ce qui peut faire naître des vocations » chez les jeunes médecins. « La majeure partie des médecins ne veulent plus être isolés et veulent travailler comme vous », a-t-elle souligné, assurant qu'il existait « des perles et de l'innovation » dans ces structures. Comme elle l’avait souligné lors de la passation de pouvoir, Brigitte Bourguignon a redit que sur l’accès aux soins, les politiques devaient être « accompagnées plutôt que décrétées du haut vers le bas, construites avec les territoires ».
Un plan de bataille pour le virage domiciliaire
Mais au-delà de l’accès aux soins, un des premiers défis de Brigitte Bourguignon sera aussi celui de la crise des urgences, alors que déjà 120 hôpitaux sont contraints de limiter leurs activités. Repenser le système de santé « est une tâche difficile (...), nous sortons d'une crise Covid qui a fatigué et éprouvé tous les professionnels », a-t-elle admis lors de la passation de pouvoir, ajoutant lors de son déplacement vouloir aussi « redonner du sens à tous ces métiers qui demandent énormément d’efforts ».
Pour l’accompagner dans ces différents défis qui l’attendent, Carole Bousquet-Bérard, ancienne cheffe du pôle santé, solidarités, protection sociale au cabinet de Jean Castex, prend la direction de cabinet du nouveau ministère de la Santé et de la Prévention.
Petit « nouveau de la bande » comme il s’est défini lui-même, Damien Abad a aussi pris son poste dans un tout nouveau ministère, celui des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées. « Je serai le ministre des plus fragiles, de ceux qui ont besoin de nous encore plus que les autres », a-t-il déclaré.
« Je me battrais sans relâche pour les personnes en situation de handicap, pour les plus démunis, pour les enfants de l’aide sociale comme pour les personnes âgées en perte d’autonomie », a-t-il promis.
Sur le sujet de la perte d’autonomie des personnes âgées, il a notamment évoqué le chantier du « financement pérenne de la cinquième branche » ou la mise en œuvre « d’un plan de bataille pour développer, valoriser, accompagner l’approche domiciliaire de nos aînés ». Il a aussi eu un mot pour l’accompagnement des familles « face notamment à la maladie d’Alzheimer et toutes les autres maladies ».
Mais son premier défi sera peut-être judiciaire. L’ancien député des Républicains est dans la tourmente depuis ce week-end. Il doit faire face à des accusations de viols sur deux femmes en 2010 et en 2011, relayées dans un article publié samedi par Mediapart. Faits qu'il nie « avec la plus grande force ». Deux plaintes ont déjà été classées mais la justice dit analyser un nouveau signalement de l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique.
« La justice est la seule à devoir ou à pouvoir trancher », a déclaré la nouvelle porte-parole du Gouvernement Olivia Grégoire à l’issue du premier conseil des ministres ce lundi 23 mai.
Après deux burn-out, une chirurgienne décide de retourner la situation
La méthode de la Mutualité pour stopper 2,4 milliards d’euros de fraude sociale
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
À la mémoire de notre consœur et amie