Médicaments du cancer, une facture de 150 milliards de dollars

Publié le 09/06/2016
Le coût des traitements contre le cancer ne cesse de grimper. La quasi-totalité des big pharma ont investi dans cette aire thérapeutique. La compétition apparaît très ouverte. En revanche l’accès aux traitements innovants demeure encore très inégalitaire. État des lieux.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

La récession n’est pas en vue pour les dépenses de médicaments liées au cancer. Le seuil des 150 milliards de dollars (133 milliards d’euros) devrait être atteint en 2020, selon un rapport publié par IMS à la veille de l'ouverture du congrès de l’Asco*. Mais alors que ces montants atteignent des sommets, ils seront peut-être révisés à la hausse dès les prochains mois. L’an dernier, IMS anticipait un taux de croissance de 6 à 8 % en jusqu’en 2018. Il devrait plutôt être compris entre 7,5 % et 10 % en 2020, toujours selon IMS.

70 nouveaux traitements

Cette inflation frappe l’ensemble de l’écosystème lié au cancer. Au cours des cinq dernières années, 70 nouveaux traitements ont été mis sur le marché pour être prescrits dans vingt types de tumeurs. Cette forte productivité ne relève pas du miracle. Elle s'explique par le nombre de laboratoires actifs dans la recherche contre le cancer. Ils seraient plus de 300 impliqués dans la recherche clinique avec un à sept produits en développement.

Un effort de recherche inégalement réparti

Pour autant, cet effort de recherche est inégalement réparti. Le cancer du poumon non à petite cellule encore plus que le mélanome bénéficie en premier lieu de ces investissements massifs. On recense pour cette indication plus de 76 nouvelles options thérapeutiques. Tous les modes d’actions sont envisagés, des plus classiques aux plus révolutionnaires. Dans le mélanome, « seulement » 44 nouveaux médicaments sont en cours de développement clinique. Le cancer du sein, le cancer colorectal, de la prostate, des ovaires sont les autres localisations à faire l’objet d’un investissement massif. À la fin se traduiront-ils pour chacun d’entre eux par des ruptures thérapeutiques ? Il y aura à coup sûr des gagnants mais aussi des perdants. D’autant que certains laboratoires sont entrés récemment dans la course. Certes dix-neuf des big pharma classés dans le top 20 disposent de produits en phase II ou III de développement. Mais trois quarts des laboratoires qui ont investi dans la recherche contre le cancer n’ont pas à ce jour de médicament sur le marché. En l’absence de pronostic, la compétition est ouverte à tous quelle que soit la taille du laboratoire. Le budget en matière de recherche n’est pas toujours gage de succès.

Accès inégalitaire aux médicaments

L’accès en revanche aux médicaments se révèle beaucoup plus inégalitaire. Les patients de six pays seulement au cours des années 2010-2014 ont été traités par au moins la moitié des 49 nouveaux produits mis sur le marché au cours de cette période. Ils sont originaires des États-Unis, d’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Italie, de la France et du Canada. Les inégalités persistent au sein même du Vieux Continent entre les pays de l’ancien bloc communiste et les pays fondateurs de l’Union européenne. La facture pour l’achat de médicaments contre le cancer dans le même temps ne cesse de grimper. Elle représente aux États-Unis 11,5 % de l’ensemble des coûts des traitements toutes pathologies confondues. Dans les pays développés, elle a seulement baissé en Espagne au cours des cinq dernières années. La récession économique impacte directement la lutte contre le cancer.

* American Society of Clinical Oncology.

Source : lequotidiendumedecin.fr