Le port du masque en extérieur peut-il enrayer la progression du coronavirus ? La question se pose alors que l'épidémie rebondit en France (+ 6 111 cas jeudi) et que de plus en plus de grandes villes (Toulouse, Marseille, Strasbourg, Paris) imposent le port du masque en extérieur sur l'ensemble de leur territoire. « Au moment où Paris se remplit » puisque « les familles rentrent », « cela a un sens que de prendre de nouvelles habitudes », a fait valoir jeudi l'adjointe à la mairie de Paris Anne Souyris, après l’annonce par le Premier ministre Jean Castex de la mise en place de l’obligation du port du masque partout dans la capitale à partir de vendredi.
Si l'obligation dans les lieux clos fait globalement consensus chez les médecins, ceux-ci sont en revanche nombreux à remettre en cause l'obligation de port en extérieur, dénonçant une « décision politique », ne reposant sur aucun argument scientifique.
Tous masqués à Paris, même en vélo ou en 2 roues motorisés!! Le masque en intérieur : OUI. En extérieur à l’air libre....?!? quels arguments médicaux @DrGomi @BioHospitalix ?! J’en vois pas....
— Dr Gérald KIERZEK (@gkierzek) August 27, 2020
Enfin des voix médicales s’élèvent pour dénoncer l’incohérence du port du masque en extérieur partout, tout le temps, et n’importe comment. La rationalité scientifique doit reprendre le pas sur la surenchère politique. https://t.co/HY42kd6wys
— Guillaume Barucq (@GuillaumeBarucq) August 27, 2020
Interrogé jeudi par France Info, le Dr Jérôme Marty a estimé que l’obligation en extérieur « posait problème ». « On n'a pas d'exemple, dans le monde, de contamination de masse qui parte de l'extérieur. Tout part de l'intérieur », souligne le président de l’UFML-S (Union française pour une médecine libre - syndicat). S’il admet que les contaminations en extérieur sont possibles « dans des conditions particulières », le généraliste de Fronton (Haute-Garonne) juge que « ces mesures prises sont plus du domaine de la politique que du domaine sanitaire ». « Ça rassure les personnes qui sont responsables des municipalités de le faire, mais ça n'aura pas un grand poids sur le développement de la maladie », ajoute-t-il.
« C'est une décision fondée sur aucune recommandation scientifique. Aucun cluster au monde n’a été retrouvé dans un espace en plein air », abonde son confrère le Dr Jimmy Mohamed, chroniqueur sur Europe 1. « Le masque FFP2 en extérieur est aussi utile que de mettre de la crème solaire à Lille en décembre pour éviter un coup de soleil », ironise-t-il.
Quelques soutiens au principe de précaution
Toute la profession ne s'oppose pas cependant à la mesure. Certains estiment que le port du masque en extérieur est justifié dans les zones où la densité de personnes est importante et/ou car il permet de simplifier le message :
Je ne comprends pas bien les gens qui sont *contre* le port du masque en extérieur.
Dans un hameau au milieu de la Creuse, ok, ça ne sert à rien.
Mais à Paris où on croise sans cesse des gens dans la rue, les transports les magasins... c’est + logique de le garder en permanence
— Dr Stephane (@Dr_Stephane) August 27, 2020
Je pense que l’idée c’est la simplicité et éviter que les gens ne fassent qu’enlever et remettre. En extérieur ça se justifie qu’en cas de foule compacte, le problème est qu’en l’absence d’obligation beaucoup risquent de ne pas le porter dans ces circonstances...
— DrJohn - Stop Postillons ! - No #FakeMed - (@DrJohnFa) August 28, 2020
+1
— Christophe LAMARRE (@doclamarre) August 28, 2020
Et je trouve ça dingue toutes ces polémiques.
On est vraiment un pays de râleurs de cour de récré, qui de façon interminable se chamaillent sur le doigt qui montre la lune.
L'Asie a géré des épidémies avant nous grâce à une population qui spontanément garde son masque partout.
Probabilités faibles de contamination en extérieur
Une étude récemment publiée dans le British medical Journal (BMJ), souligne que les probabilités pour un individu d'être contaminé par le Covid-19 en extérieur sont « faibles » lorsqu'il n'y a pas de contact prolongé avec d'autres personnes et que celles-ci sont silencieuses ou discutent normalement. Dans les lieux à forte densité, le risque est « moyen ».
De son côté, l'Inserm soulignait début août dans un texte paru sur son « Canal détox » que « dans les lieux extérieurs très fréquentés, où la distanciation physique est difficile à mettre en œuvre, [le port du masque] permet d’éviter de projeter des gouttelettes sur les personnes qui se trouvent à proximité, et donc de les protéger ». L'institut relevait cependant que le port du masque dans « les lieux moins fréquentés » relevait plutôt du « principe de précaution ». Avant de conclure qu'en « attendant d’en apprendre plus sur le sujet, la recommandation de porter un masque en extérieur doit avant tout s’appuyer sur une analyse des différentes dynamiques épidémiques au niveau local, en prenant en compte la possibilité ou non pour les personnes de respecter la distanciation physique dans les lieux publics ouverts ».
Une mesure « contre-productive »
L'obligation de port du masque en extérieur pourrait même s'avérer contre-productive, selon certains praticiens. « Contraignez les gens à respecter une règle qu'ils ne comprennent pas, ils la respecteront à leur manière. Nous sommes clairement en train d’épuiser psychologiquement les Français », prévient le Dr Mohamed. « L’imposition systématique du masque en extérieur est une mesure politique contre productive et vexatoire qui n'a aucun sens sur un plan scientifique », affirme quant à lui le Dr Le Flohic, généraliste à Ploufragan (Côtes-d'Armor), sur Twitter.
En visite dans un laboratoire pharmaceutique à Villeneuve-la-Garenne, Emmanuel Macron a estimé que le port du masque en général était une « une contrainte raisonnable que nous devons accepter pendant un temps ».
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