L'agacement du Dr Jérôme Marty face à l’absence de propositions en santé chez les candidats à l’élection présidentielle est palpable. Ce jeudi 27 janvier, il présente en visioconférence ses vœux à la presse, accompagné du Dr Henri Guerini, radiologue et vice-président de l’Union française pour une médecine libre syndicat (UFML-S).
En préambule, le président rappelle le mouvement de grève de la permanence des soins ambulatoires (PDSA) que mènent actuellement ses adhérents. Depuis le mois de décembre, les week-ends, les soirs et les journées de mobilisation et ce, jusqu’au premier tour de la présidentielle, les médecins ne répondront qu’aux réquisitions – soit une « grève à la japonaise » – la mobilisation se durcira par la suite, si rien n’est proposé.
« Aucun des candidats n’a véritablement conscience de la crise médicale que nous vivons », déplore le Dr Marty, qui rencontre successivement les principaux candidats en amont du scrutin, et confie qu’ils « promettent monts et merveilles, mais nous ne voyons pas grand-chose arriver ».
La médecine libérale « grande oubliée »
Le syndicat formule donc une série de propositions pour « redresser le système sanitaire », dans lequel « la médecine libérale est la grande oubliée ». À la fois du mandat d’Emmanuel Macron, et des propositions des candidats à l’élection présidentielle. Cette médecine libérale est « cannibalisée par des décisions prises sans sa participation, et devenue de fait, la banque d’organe d’autres professions », selon l’omnipraticien.
Ainsi, le Dr Marty propose un « plan Marshall de la médecine libérale » et des états généraux pour le définir et le mettre en œuvre. En outre, sont envisagés : une sortie de l’Ondam, de l’enveloppe tarifaire et une revalorisation des pratiques de l’exercice – la cible étant la moyenne européenne –, l’ouverture aux honoraires complémentaires, le temps passé, les multiples motifs de consultation, le temps administratif, etc.
Partant du principe que les exercices libéral et hospitalier sont trop cloisonnés, le jeune syndicat appelle à plus de mixité. En creux, permettre aux médecins libéraux d’allouer une part de leur temps à l’hospitalier et inversement, dans les zones sous-denses, avec des honoraires complémentaires.
Aménager le territoire
Mais la grande cause du prochain quinquennat, pour Dr Marty, est l’aménagement du territoire, condition sine qua non pour pallier l’inégalité d’accès aux soins. Est proposé : la lutte contre l’isolement géographique (infrastructures routières et de transport), le désenclavement numérique, le réinvestissement des services de l’État – relancer la délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale (Datar) – et la création des groupements provisoires de ressources régionales (GP2R) d’une durée de vie de trois ans, avec obligation de résultats.
Si les zones territoriales enclavées génèrent des pertes de chances, notamment dans la ruralité, il faut absolument selon l’omnipraticien, changer cela. Plusieurs solutions sont avancées : la création de plateaux d’urgences libérales et de soins ambulatoires de relais (PULSAR) ; l’autorisation de bons de transport pour les patients ne pouvant pas se déplacer au cabinet de consultation du généraliste et, dans le même temps, la revalorisation de la visite à domicile à 100 euros ; la défiscalisation totale de l’exercice effectué en tant que retraité actif en zone déficitaire ; l’autorisation de l’exercice multi-site par la création de blocs médicaux itinérants, « comme en Chine, où cela marche bien », sous forme de structures mobiles à mi-chemin entre le cabinet médical et la structure hospitalière.
Des gouvernements régionaux de santé
À la lumière de la gestion de la crise sanitaire, le Dr Marty estime que « la démocratie sanitaire est balbutiante » et pointe du doigt « l’échec des agences régionales de santé (ARS) à gérer la crise ». Alors, il appelle à les supprimer, à l’instar des URPS, pour les remplacer par des gouvernements régionaux de santé ou des représentants des trois pôles (administratif, soignants, patients) regroupés en un même lieu.
Deux propositions pour les étudiants
Mais l’UFML-S n’oublie pas les étudiants en santé, lesquels alertent depuis des années sur des conditions scolaires toujours plus problématiques. Au sujet de la première année PASS-LASS, le Dr Marty, remonté, parle « d’étudiants floués et méprisés », d’« une réforme mal pensée », et souhaite son abolition ; ainsi qu’une autorisation au redoublement, « la suppression des oraux pochettes surprises » et une sacralisation de l’anonymat. Par ailleurs, « doubler le nombre d’étudiants en médecine est impossible » pour le praticien.
Au sujet du deuxième et du troisième cycle des études médicales, « le non-respect de la loi par certaines directions hospitalières, ainsi que les conditions d’exercices sont scandaleux », a déclaré le président de l’UFML-S. Il suggère la mise en place d’un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens (CPOM) entre directions hospitalières et syndicats étudiants (internes et externes), « basé sur le respect des temps de travail, la définition des missions, des conditions de travail et d’accueil ». Ce dernier devrait être revu par les deux parties, avec des résultats rendus publics chaque fin d’année, précise-t-il.
Interrogé sur l’envoi obligatoire des jeunes médecins généralistes dans les déserts médicaux, le Dr Marty s’est montré prudent. « Le problème n’est pas qu’ils y aillent, mais qu’ils y restent. De plus, il leur faudrait un formateur, un tuteur ; or, dans ces zones-là, ils n’y sont pas ».
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