Pandémie

L'OMS estime à 14,9 millions la surmortalité liée au Covid à fin 2021

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Publié le 05/05/2022
La pandémie de Covid-19 est responsable directement ou indirectement de la mort de 13 à 17 millions de personnes à la fin 2021, soit beaucoup plus que le nombre de morts officiellement recensés dans le monde, selon une nouvelle estimation de l'OMS.

« Le bilan total associé directement ou indirectement à la pandémie de Covid-19 entre le 1er janvier 2020 et le 31 décembre 2021 est d'environ 14,9 millions de morts (une fourchette de 13,3 à 16,6 millions) », a estimé jeudi 5 mai l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). En France, cette surmortalité serait responsable en moyenne de 81 849 morts.

La surmortalité est calculée en faisant la différence entre le nombre de décès réels et le nombre de décès estimés en l'absence de pandémie, en se basant sur des statistiques existantes. La surmortalité comprend aussi bien les décès directement provoqués par la maladie que ceux qui l'ont été indirectement.

Les causes indirectes peuvent être notamment dues à des structures de santé surchargées et forcées par exemple de retarder des procédures chirurgicales ou des séances de chimiothérapie pour des malades du cancer. Parfois, les confinements ont aussi évité des morts comme pour les accidents de la circulation.

Des inégalités en fonction des pays

Ces chiffres donnent une idée plus réaliste des effets dévastateurs de la pandémie qui, selon ces données, a déjà tué une personne sur 500 et continue de faire des milliers de morts chaque semaine.

Depuis le début de la pandémie, les chiffres officiels des pays membres compilés par l'OMS arrivent à un total de 5,4 millions de morts sur la même période, mais l'OMS a averti de longue date que cette statistique sous-estimait la réalité.

L'OMS a déclaré que la plupart des décès excédentaires (84 %) étaient concentrés en Asie du Sud-Est, qui dans le découpage régional de l'OMS comprend l'Inde, en Europe (qui comprend la Russie et d'autres pays de l'ex-URSS) et dans les Amériques.

Quelque 10 pays représentaient à eux seuls 68 % du total de la surmortalité, ce sont dans l'ordre décroissant le Brésil, l'Égypte, l'Inde - qui conteste avec force les chiffres de l'OMS bien plus élevés que ses chiffres officiels -, l'Indonésie, le Mexique, le Pérou, la Russie, l'Afrique du sud, la Turquie et les États-Unis.

Investir dans des systèmes de santé plus résilients

« Ces données, qui font réfléchir, soulignent non seulement l'impact de la pandémie, mais aussi la nécessité pour tous les pays d'investir dans des systèmes de santé plus résilients capables de soutenir les services de santé, essentiels pendant les crises, y compris des systèmes d'information sanitaire plus solides », a déclaré le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

De fait, les chiffres publiés jeudi par l'OMS souffrent de trous dans les statistiques, la collecte de données étant parfois parcellaire voire totalement inexistante pour certains pays. Les fourchettes données vont parfois du simple au double. L'Organisation estime ainsi que 6 décès sur 10 ne sont pas enregistrés au niveau mondial.

Un sujet sensible pour l'Inde

« Mesurer la surmortalité est un composant essentiel pour comprendre l'impact de la pandémie », a expliqué Samira Asma, en charge du dossier à l'OMS. Les informations plus fiables permettent aux décideurs de mieux préparer le terrain pour limiter l'impact de futures crises. « Ces nouvelles estimations sont basées sur les meilleures données disponibles produites à l'aide d'une solide méthodologie et d'une approche complètement transparente », a-t-elle assuré.

C'est cette méthodologie que conteste l'Inde pour qui le Covid a fait 525 000 morts au total. Les chiffres publiés par l'OMS jeudi sont 9 fois plus élevés, s'établissant autour de 4,7 millions. Mi-avril, le gouvernement indien avait critiqué « une approche et des modèles indifférenciés qui peuvent fonctionner pour des pays plus petits comme la Tunisie mais ne sont pas applicables à l'Inde et sa population de 1,3 milliard d'habitants ».

Le sujet est extrêmement sensible en raison des répercussions politiques, ces chiffres étant indicateurs de la qualité de la gestion de la crise par les autorités.

(Avec AFP)


Source : lequotidiendumedecin.fr