Alors que la nouvelle Assemblée nationale prend peu à peu ses quartiers, l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) médecins libéraux d’Île-de-France a publié le 25 juillet une note afin de « sensibiliser les nouveaux élus sur les enjeux du maintien d’un tissu médical libéral au plus près des patients ».
L’association représentative des 20 000 médecins de ville franciliens soumet une série de propositions pour la prochaine législature.
Ouvrir les vannes tarifaires
Rappelant que 5 500 médecins sont formés en Île-de-France mais n’y sont pas installés, l’URPS plaide pour « trouver une voie permettant de redonner de l’attractivité à l’exercice libéral sans peser sur les finances publiques ». Manifestement, insiste-t-elle, « le choc d’attractivité attendu de la nouvelle convention médicale n’est pas au rendez-vous » et la consultation désormais à 30 euros « rattrape à peine l’inflation constatée depuis 2017 ».
L’URPS pousse donc son idée de « permettre sans conditions de titre [clinicat, assistanat, secteur 2, NDLR] une liberté tarifaire aux médecins libéraux ». « 98 % des internes de médecine générale sont contraints à s’installer en libéral en secteur 1 à tarif opposable », rappelle-t-elle. Autre pourcentage qui sert son plaidoyer : la pratique de la médecine en secteur 2 n’exclut pas la prise en charge de patients au tarif opposable. C’est d’ailleurs le cas pour 42 % des actes réalisés par les médecins de secteur 2 en Île-de-France. L’URPS soumet donc aux députés le projet d’expérimenter la liberté tarifaire pour tous pendant trois ans dans les territoires les moins dotés en médecins et de clore l’expérience par une évaluation.
Gare à la coercition
Anticipant la tentation de la coercition d’élus comme le propose Guillaume Garot, l’URPS prévient : la contrainte à l’installation, c’est non, car totalement contre-productif. Les médecins ne sont pas en nombre suffisant ; la mesure va braquer les jeunes et les pousser soit vers le salariat, qui n’est pas soumis à la régulation, soit vers des pratiques médicales non conventionnées ; et, assure l’URPS, rompre potentiellement des ancrages familiaux dans les régions où les médecins formés souhaitent rester et s’installer.
Dans la même veine, les nouveaux élus seraient bien inspirés d’« éviter la promotion d’un modèle unique qui pousse à la rémunération par capitation ou forfait, au salariat des médecins et à l’exercice regroupé, et de rester ouvert à tout type d’exercice ».
Des docteurs juniors en ville
En Île-de-France, la démographie médicale est à l’orée d’une période complexe qui devrait durer cinq ans. Un médecin francilien sur deux a plus de 60 ans et la prochaine vague de départs va encore « fragiliser » l’offre ambulatoire, appuie l’URPS. Afin de prévenir la casse, l’union milite pour le déploiement des docteurs juniors en médecine libérale. Ces médecins thésés dans leur dernière année d’étude, qui travaillent pour l’instant uniquement à l’hôpital, pourraient exercer en ville « en autonomie avec la supervision déportée d’un médecin enseignant, leur ouvrant la possibilité d’une rémunération à l’acte complémentaire à leurs salaires d’internes ».
Pour redonner ses lettres de noblesse à la médecine de ville, la nouvelle Assemblée doit aussi continuer le travail de « tolérance zéro » à l’égard des agresseurs de professionnels de santé libéraux. À ce titre, la protection des médecins doit être « renforcée » par voie législative ou réglementaire.
Des « compensations » plutôt que des solutions
Pour la Dr Valérie Briole, présidente de l’URPS, la fragilité du tissu médical francilien ne doit pas pousser les députés à des prises de décision susceptibles de « détricoter le métier et le rôle du médecin de proximité ». Méfiance, donc, à l’égard des « promesses des start-up du numérique en santé », des délégations de tâches par décret, des coordinations de soins « parfois illogiques » qui ressemblent fort à des « compensations » plutôt qu’à de vraies solutions.
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