La remise en cause de l’obligation de vacciner sera donc le débat sanitaire de l’année. La France est en effet le seul pays au monde où coexistent les vaccins obligatoires et les vaccins recommandés. D’où une moindre lisibilité du système. Pour les Français, un vaccin non obligatoire ne doit pas être foncièrement utile. Pour autant une remise en cause immédiate de cette ligne de partage risque d’entraîner une chute drastique du taux de vaccination. D’où ce long travail pédagogique qui sera conduit sur une année.
Ainsi en a décidé Marisol Touraine, une nouvelle fois à la manœuvre en s’appuyant sur la remise du rapport de l’ancienne députée Sandrine Hurel. Comme toute politique qui se respecte, la ministre de la Santé dicte l’agenda. Et se rapproche (un peu) des médecins libéraux, en colère depuis la loi de santé. Dans le même temps, Marisol Touraine adresse un « je vous ai entendus » à tous ces Français qui expriment leur défiance à l’égard des médicaments. Un grand débat public est lancé et sera mené par un comité d’orientation indépendant. Il sera présidé par le Pr Alain Fischer, professeur d’immunologie pédiatrique.
Curseur à gauche
Enfin, pour mettre le curseur (vraiment) à gauche, la ministre hausse le ton et menace les industriels de sanctions, à cause des ruptures d’approvisionnement. Ce qui ne peut nuire à sa popularité. Marisol Touraine appelle à la constitution de stocks réservés au territoire national et à l’identification des sources d’approvisionnement des matières premières. Le président du Leem, Patrick Errard a, le lendemain, répondu en dénonçant cette politique du bâton. « Ce n’est pas en sanctionnant les industriels que l’on va résoudre le problème des ruptures d’approvisionnement de vaccins mais en clarifiant l’offre et la demande ». Et de rappeler que la demande de vaccins « n’est pas franco franchouillarde, elle n'a pas de frontières ».
Faire bouger les lignes
Mais en dépit des intentions polémiques, le plan d’action annoncé le 12 janvier dernier devrait faire bouger les lignes. Les canaux d’information à destination en priorité des médecins généralistes et du grand public vont se multiplier. Un site Internet dédié devrait être géré par la future Agence nationale de santé publique (ANSP). La Direction générale de la santé (DGS) sera chargée de rédiger un bulletin trimestriel recensant toutes les « infos » récentes et ciblant les professionnels.
Quant aux patients toujours inquiets de savoir s’ils sont à jour de leur vaccination, une expérimentation sur un carnet de vaccination électronique devrait être lancée dans cinq régions en mars prochain. Enfin, un partage de l’information sera assuré avec la création d’un nouveau comité des parties prenantes qui réunira professionnels de santé, association d’usagers et institutionnels. Attention toutefois au danger de la réunionite. La DGS réunira deux fois par trimestre les représentants des professionnels. Enfin, pour renforcer davantage aux yeux du grand public l’indépendance des experts, le Comité technique des vaccinations sera rattaché à la Haute Autorité de santé (HAS).
En décembre prochain, le débat lancé aura-t-il produit ses fruits ? La ligne de démarcation entre vaccins obligatoires et recommandés devrait être effacée. C’est en tout cas les vœux en début d’année de tous les spécialistes.
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