Le 30 septembre, la majoration SNP (soins non programmés) pour la prise en charge des soins non programmés hors patientèle médecin traitant s’arrêtera. Cette mesure flash, issue de la mission Braun pour l’été – adoptée par un décret du 11 juillet dernier – a été conçue pour inciter les généralistes à prendre en charge des soins non programmés. Une façon de désengorger les urgences hospitalières après une régulation du Samu ou du SAS (Service d’accès aux soins).
L’Assurance maladie avait communiqué des premiers chiffres, concernant les sept premières semaines de la mesure. En juillet 2022, 6 409 majorations SNP ont été réalisées. En août 2022, (plus exactement du 1 au 25), 16 203. Soit un total de 22 612 majorations et 3 230 par semaine. Lesquelles ont été réalisées par 2 216 professionnels de santé libéraux (99 % des actes facturés) et 40 établissements (centres de santé).
Presque un quart de l’activité des médecins
La FMF en a fait un premier bilan, s’appuyant sur une enquête menée en interne. Interrogé par Le Généraliste, le Dr Richard Talbot, membre du syndicat, livre un premier retour d’expérience. « Cet été, les services du 15 étaient sous l’eau. Il était plus simple pour eux de dire aux patients d'aller aux urgences que d’appeler tous les généralistes pour voir s’il y en avait un de disponible. Dans certains départements, le 15 a refusé de participer au dispositif. À titre personnel, dans la Manche, je n’ai jamais été appelé… Et trois départements comptent la quasi-totalité des majorations SNP : les Bouches-du-Rhône, l’Eure et le Rhône ».
Le praticien a souhaité lancer une enquête pour avoir un premier ressenti du dispositif chez ses pairs, ainsi que des données factuelles. Le sondage mené par la FMF auprès de plus de 1 000 médecins libéraux adhérents mesure l’investissement des praticiens dans les soins non programmés – en y intégrant également les majorations MRT, qui concernent les patients dont ils sont médecin traitant. Les résultats sont probants : au total, du 5 au 25 septembre, sur 108,54 actes réalisés en moyenne par médecin, 25,21 sont des soins non programmés, soit 23,3 %.
Seulement six euros brut hebdomadaires
Cependant, seulement 0,4 % de cette activité est majorée SNP ou MRT, ce qui représenterait selon la FMF « une manne de six euros (brut !) hebdomadaire ». Ou alors, ironise la FMF, « seuls 7 % des répondants ont facturé au moins une majoration, contre 93 % qui n’ont pas pu (ou pas voulu) le faire ». Le syndicat rapporte également des commentaires de ses adhérents sans appel : « trop compliqué », « pas envie de passer par le 15 », « je gère tout seul », « ça ne sert à rien »…
Le Dr Talbot commente ces résultats. « Les médecins généralistes font le boulot ! Ce n’est pas parce qu’ils n’utilisent pas la majoration SNP qu’ils ne font pas de soins non programmés ! Notre enquête montre que cette activité représente autour de 25 % de leur activité ! » Et le praticien peste contre la logique du dispositif. « Je suis totalement contre cette mise sous tutelle du 15 ou du SAS, comme si nous allions tous coter MRT ou SNP. C’est un effet d’annonce, qui ne correspond pas à la réalité. Les généralistes savent s’autoréguler et prendre un patient en soins non programmés avec une angine, une cystite ou un enfant avec de la fièvre… »
Au fond, lâche le généraliste, « il n’est pas exclu que le ministère prolonge cette mesure… ce qui serait un effet d’annonce de plus qui ne changera rien à notre vie… ». Lors du Congrès de la CSMF, François Braun a lui-même reconnu que seuls 4 % des médecins libéraux avaient utilisé la majoration.
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