Le premier tour des élections législatives est déjà dans 13 jours et, dans le contexte inédit d’une campagne éclair, de nombreuses organisations et syndicats du secteur de la santé prennent position pour bloquer la route à l’extrême droite. Le parti de Marine Le Pen est en effet en tête des intentions de vote (à plus de 30 %), quelques jours après son résultat historique lors des élections européennes.
Des atteintes à la santé publique
Sans surprise, Médecins du monde (MDM) appelle clairement à faire barrage au Rassemblement national (RN) « dans la rue et dans les urnes », comme l’expliquait dès la semaine dernière au Quotidien le Dr Jean-François Corty, élu président de MDM le 8 juin. En matière de santé, constate l’association, le projet politique du RN « n’aborde la question du financement de la protection sociale que sous l’angle de la fraude ». Et dans les pays où l’extrême droite est au pouvoir, comme en Pologne ou en Italie, « nous avons déjà observé des atteintes graves au droit à la contraception et à l’avortement, mais aussi à la prévention et aux soins des personnes LGBTQIA +, des personnes usagères de drogue ou travailleuses du sexe », regrette MdM, qui alerte aussi sur la suppression de l’AME (aide médicale d’État) figurant dans le programme du RN.
L’APAJH, mouvement citoyen qui représente les enfants, jeunes et adultes en situation de handicap et leurs familles, considère que les prochaines échéances électorales « ne rappellent que trop des temps troubles, pas si éloignés, qui ont mis à terre l’Europe et ont stigmatisé, ostracisé, condamné et tué celles et ceux qui étaient différents, notamment les personnes en situation de handicap ». L’extrême-droite au pouvoir en France, ajoute cette association, « assombrirait notre pays ». « Cela augure pour les personnes en situation de handicap, leurs familles, leurs proches, tous les professionnels du secteur social et médico-social, un net recul de leurs droits, moins de moyens et des difficultés aggravées partout et pour tous », déclare-t-elle ce lundi.
Pas de préférence nationale pour la Mutualité !
La Mutualité française appelle de son côté à « la mobilisation et au vote en soutien aux valeurs de la République, démocratique, laïque et sociale » face au « principe de préférence ou de priorité nationale, inspirées par l’extrême droite (…) incompatibles avec les valeurs républicaines d’égalité et de fraternité ». Elle invite à défendre la Sécurité sociale solidaire et assurer son financement et garantir un accès de qualité aux services publics pour tous.
L’association de référence représentative des usagers de santé, France Assos santé, insiste, pour sa part, sur l’égalité d’accès aux soins… pour tous et indistinctement. « Le niveau de revenus, le lieu de résidence, l’état de santé physique et mentale, la situation administrative, le niveau d’équipement numérique… ne doivent plus être un frein à l’accès aux soins ou sources de discriminations », écrit-elle. Avant de demander aux candidats de répondre à quatre enjeux : la lutte contre les déserts médicaux, la réduction des restes à charge, une politique de prévention efficace et la fin des pénuries de médicaments.
Les remplaçants et l’humanisme
De son côté, le syndicat représentatif des jeunes généralistes et remplaçants (ReAGJIR) rappelle que le maintien de l’AME, de la complémentaire santé solidaire (CSS) et des ALD font partie de ses attentes. « ReAGJIR reste mobilisé pour proposer des solutions concrètes et se tient à la disposition des candidats pour leur apporter un regard neuf, dans le respect strict et inaliénable de ses valeurs humanistes et solidaires », détaille le Dr Raphaël Dachicourt, président de ReAGJIR.
La coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité (CDHMP) s’alarme de l’hypothèse d’une extrême droite au pouvoir. Elle appelle à « se mobiliser pour construire un projet de société tourné vers le progrès social et l’émancipation, dans le respect des diversités ».
Pour les managers hospitaliers, pas question de transiger sur les valeurs
Du côté des cadres hospitaliers, le Syndicat des managers publics de santé (SMPS) marque son attachement aux « valeurs du service public hospitalier et à l’idéal républicain », et ce quelles que soient les circonstances. Pas question de « transiger », martèle-t-il. « Ces valeurs de solidarité, d’exigence, d’engagement des agents publics, d’égalité, d’inclusion et d’égal accès aux soins pour tous sans distinction et sur tout le territoire constituent notre socle commun. Celles-ci doivent être la bannière nous réunissant tous », peut-on lire. Il s’inquiète aussi d’« une paralysie de l’appareil d’État » depuis la dissolution de l’Assemblée, ne permettant pas d’avancer sur la transposition de la réforme de la Haute fonction publique.
Le collectif de professionnels et de patients pour la refondation de la santé (CPPRS) créé en 2023 par le Dr François Bourdillon et le Pr André Grimaldi, deux personnalités de gauche, juge que la poussée de l’extrême droite « menace de remettre en cause les principes républicains d'égalité et de solidarité sur lesquels repose notre système de santé ». Or, rappelle-t-il, « la garantie de l’accès aux soins sur l’ensemble du territoire est inscrite dans la Constitution ».
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