Le Pr Claude Got est décédé le vendredi 11 août. « Père de l'accidentologie, convaincu de la nécessité d'une action résolue, il osa défendre des mesures ambitieuses pour mieux protéger la santé et la sécurité des Français, telles que la ceinture obligatoire, disposition aujourd'hui entrée dans les mœurs », a réagi le ministère de la Santé et de la Prévention dans un communiqué.
« La loi sur les contrôles préventifs d'alcoolémie, comme le rapport qu'il corédigea et qui inspira très largement la loi Evin contre le tabagisme et l'alcoolisme, contribuèrent à sauver des milliers de vies et à promouvoir une meilleure santé collective », poursuit le ministère, saluant « la mémoire d'un véritable militant de la santé publique ».
Conseiller des ministres de la Santé
À la toute fin des années 1970, Claude Got fut conseiller des ministres de la Santé Simone Veil et Jacques Barrot. « Expert parmi les experts en accidentologie », il était « consulté en permanence » et « sollicité par la plupart des gouvernements » sur les questions de sécurité routière, a abondé Jean-Yves Lamant, président de la Ligue contre la violence routière.
Il était « le Monsieur sécurité routière en France depuis 60 ans », permettant « de mettre de la science derrière la sécurité routière par tout un tas d'expertises, et toutes ses conclusions faisaient autorité », a résumé le président de l'association, avec laquelle le Pr Got a « travaillé main dans la main » pendant plus de 20 ans au sein de son comité des sages.
Anatomopathologiste
Cet anatomopathologiste fut membre du comité d'experts du Conseil national de sécurité routière (CNSR) mais aussi président du collège scientifique de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) et était professeur honoraire de l'université de médecine René-Descartes (désormais université Paris-Cité).
Claude Got avait commencé sa carrière en tant qu'interne des hôpitaux de Paris puis était devenu chef de clinique, avant de se diriger vers la pneumologie, la réanimation et enfin l'anatomie pathologique.
Réduire le nombre de morts sur les routes
Alors chef du service d'anatomie pathologique de l'hôpital Raymond-Poincaré, à Garches (Hauts-de-Seine), au début des années 1970, il est sollicité par un médecin de Renault pour améliorer les ceintures de sécurité. Il réalise alors des autopsies d'accidentés pour développer les connaissances biomécaniques des lésions produites par les accidents et analyser la violence des chocs en fonction de la vitesse.
Claude Got a été l'un des rédacteurs du rapport des experts du CNSR qui a proposé une série de mesures pour diviser par deux le nombre de morts en dix ans (2010-2020) sur les routes. Dès 2020, il a comparé la mortalité sur les routes sans séparateur médian (routes qui maintenaient les 80 km/h) à celle observée sur les routes permettant de nouveau de rouler à 90 km/h. « Il avait cette capacité à transformer des résultats de recherche scientifique en mesures utiles pour l'intérêt général », souligne Jean-Yves Lamant.
Réduire la nuisance de l'alcool, du tabac, de l'amiante
Outre ses publications dans des médias généralistes et ses publications personnelles dans le domaine de la traumatologie, Claude Got animait un site internet, securite-routiere.org, que la Ligue contre la violence routière entend poursuivre. Il s'y présente comme « médecin enseignant-hospitalier-chercheur atypique » et y écrit que « l'alcool, le tabac, le sida, l'amiante… détruisent des vies et la réduction de leur nuisance fait partie des obligations des pouvoirs publics ».
Atteint de troubles de la mémoire dus à une atrophie de l'hippocampe et « profondément affecté par le décès de sa femme », il « est allé en Belgique, où il a eu une euthanasie, selon ses volontés », a précisé Jean-Yves Lamant, président de la Ligue contre la violence routière, informé du décès par la famille du défunt. Sa disparition a également été relayée par l'OFDT.
(avec AFP)
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