« Le bon usage du médicament » se heurtera-t-il au mur des corporatismes ? C'est en tout cas la menace signalée par Nicolas Bouzou en conclusion d'un colloque* qui s'est tenu au ministère des Solidarités et de la Santé. Les différentes expérimentations menées autour du monde et dévoilées par Luc Besançon, consultant et ancien directeur général de la Fédération internationale pharmaceutique témoignent d'une stratégie globale suggérée par IMS health, aujourd'hui Iqvia ; à savoir renforcer le rôle des pharmaciens. Elle est déclinée dans différents pays occidentaux. En Suisse par exemple avec NetCare, le pharmacien d'officine grâce à des arbres décisionnels validés est autorisé à résoudre plus de 20 situations cliniques dont la cystite et la conjonctivite. « Certaines assurances maladie suisses utilisent netCare comme triage avant une consultation médicale », précise Luc Besançon. En Belgique un pharmacien de référence afin de renforcer l'observance propose un schéma de médication. En Nouvelle-Zélande, la dispensation de la clozapine par le pharmacien est soumise à la présentation au pharmacien des résultats d'examens de laboratoire. Toujours en Suisse, des cercles de qualité où participent des médecins sont coordonnés par des pharmaciens qui ont bénéficié d'une formation spécifique. La réunion tous les trois mois environ regroupe un à deux pharmaciens et cinq à dix médecins. Les médecins français seraient-ils prêts à accepter un leadership exercé par un pharmacien ? On peut en douter à ce jour. L'autorisation pour les pharmaciens d'officine, lors du vote de la loi Ma santé 2022 à l'Assemblée nationale de délivrer certains médicaments à prescription médicale obligatoire dont la liste sera définie par la HAS a soulevé de fortes résistances chez les syndicats de médecins libéraux. La France dans ce domaine est loin d'être en avance. Mais comment en pratique et au-delà des corporatismes optimiser le bon usage ? « Parmi les nombreux paramètres et données disponibles en vie réelle, il faudrait s'en tenir à un seul, par exemple le suivi de la morbimortalité », suggère Jean-Marc Aubert, directeur de la Drees et pilote du Heath Data Hub. Chiche ?
*22 mars 2019. Le Groupe Profession Santé dont fait partie Décision Santé est partenaire de ce colloque.
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