Bien joué ! Xavier Bertrand a donc réussi à emporter la nouvelle région qui englobe le grand nord de l'Hexagone, empêchant par la même occasion Marine Le Pen d'empocher le Nord-Pas-de-Calais/Picardie, jusqu'ici un fief de gauche. Dimanche soir, l'ancien ministre de la Santé a eu néanmoins le triomphe modeste. "C'est pas ma victoire, c'est la victoire des gens du Nord et de la Picardie", a-t-il déclaré à Saint-Quentin. Pourtant, c'est une sorte de résurrection politique pour lui.
La campagne ne fut pas facile pour ce bosseur dont une des forces est de dormir très peu. Jusqu'au 6 décembre, il apparaît même à la peine. Parti très tôt en campagne en juin, Xavier Bertrand a beau enchaîner plusieurs réunions quotidiennes, il stagne entre 24 et 26% et finira à 24,97% au 1er tour. Pourfendant, dans le langage direct,qui le caractérise, "la faillite" des "dirigeants socialistes" responsables à ses yeux de "la colère et la misère sociale", Xavier Bertrand fait campagne avec le slogan "Notre région au travail", censé dynamiser des territoires minés par le chômage.
Mais, cet ex-assureur -qui ne manque jamais de rappeler comme une fierté qu'il n'a pas fait l'ENA- a aussi insisté sur la "Sécurité" et la "proximité". De fait, natif de la Marne, Xavier Bertrand a fait de l'Aisne son bastion, en étant élu conseiller municipal de Saint-Quentin (1989), puis conseiller général (1998) et député du département (2002). Plus tard, il deviendra maire de Saint-Quentin en 2010.
Avec cette élection par presque 58% des voix, rendue possible par le désistement des socialistes, l'horizon politique se dégage enfin pour celui qui -encarté à 16 ans au RPR- a longtemps fait figure d'enfant précoce de la politique, mais qui, engagé dans les primaires présidentielles à droite, ne parvenait pas vraiment à décoller ces derniers mois. Lorsque Xavier Bertrand est élu député en 2002, il n'a en effet pas quarante ans et est à peu près inconnu dans le sérail politique. Très vite, il saura se faire apprécier d'Alain Juppé, patron de l'UMP, en jouant les missi dominici sur la réforme des retraites.
[[asset:image:8476 {"mode":"small","align":"left","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]Chantier rondement mené, qui lui vaudra un premier maroquin dans le gouvernement Raffarin en 2004. En tandem avec Philippe Douste-Blazy -qui fait alors un come-back comme ministre de la Santé- il sera donc un an le secrétaire d'Etat de celui-ci. Il s'attelle à la tâche avec l'abnégation et le sérieux qu'on lui connaît. C'est à lui que l'on doit le parcours de soins et le dispositif médecin traitant. Plus bosseur que son ministre sur les dossiers santé, c'est lui qui deviendra vite le nouvel homme fort de l'avenue de Ségur en 2005, quand Douste est appelé au quai d'Orsay. Bertrand est apprécié en haut lieu et deviendra ensuite le joker de Nicolas Sarkozy qui en fera son porte-parole de campagne lors de la présidentielle de 2007.
Mais où s'arrêtera donc Xavier Bertrand ? A l'époque, c'est l'homme qui monte à droite. Passé la victoire de celle-ci à la présidentielle, il acceptera un vaste portefeuille incluant le Travail. A tout seigneur, tout honneur... 18 mois tout juste avant de prendre en main l'UMP, le temps de se mesurer avec son rival d'alors Jean-François Copé. Nouveau retour au gouvernement fin 2010 dans le gouvernement Fillon III : on l'annonce à Bercy et finalement il revient une troisième fois aux Affaires Sociales et à la Santé, pour remplacer une Roselyne Bachelot démonétisée auprès des blouses blanches. Il est assisté cette fois de Nora Berra. Mais c'est bien lui qui gérera en direct l'affaire Mediator, dont il hérite à peine revenu aux affaires.
Pour celui qui fut trois fois ministre de la Santé, il est grand temps de changer de casquette. Le Xavier Bertrand dans l'opposition de
[[asset:image:8481 {"mode":"small","align":"right","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]ces dernières années évitera donc soigneusement d'intervenir sur les dossiers santé pour mieux se peaufiner un destin national. Néanmoins, il n'hésite pas à apparaître de temps à autre dans les congrès des syndicats de médecins. Histoire de garder le contact avec ses amis médecins... Il est en effet un des rares ministres de la Santé a avoir réussi le tour de force de ne pas se brouiller avec les blouses blanches.
La fusion de la Picardie avec le Nord-Pas-de-Calais pour former l'un des plus grands ensembles administratifs de France lui donne l'occasion de se montrer aux avant-postes de la reconquête voulue par la droite en 2017. Il a alors deux fers au feu: Xavier Bertrand est aussi candidat déclaré aux primaires de la droite, face notamment à Nicolas Sarkozy dont il a longtemps été proche et plusieurs fois le ministre. Cette course-là "n'est plus ma priorité", répète désormais le nouveau patron du grand nord, avec qui, de toute façon, il va désormais falloir compter...
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