Le forfait de réorientation des urgences supprimé par le Sénat

Publié le 16/11/2018
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Crédit photo : GARO/PHANIE

Un petit tour et puis s'en va. Adopté fin octobre par l'Assemblée nationale, l'amendement au budget de la Sécu visant à expérimenter pendant trois ans le versement d'un forfait de 60 euros aux services d'urgence orientant les patients vers la médecine de ville a été supprimé jeudi par le Sénat. La veille, les sénateurs LR, (majoritaires à la chambre haute) avaient affirmé leur opposition à ce « forfait de réorientation ».

L'amendement, voté sous l'impulsion du rapporteur général du budget Sécu à l'Assemblée, Olivier Véran (LREM), prévoyait l'expérimentation de ce forfait pendant 3 ans dans des hôpitaux volontaires.

La mesure « recueille au Sénat une unanimité d'opposition », a constaté la rapporteure pour l'Assurance maladie, Catherine Deroche (LR), alors que la suppression du forfait a été demandée sur tous les bancs, y compris par le sénateur LREM Michel Amiel. « C'est une fausse bonne idée », a jugé ce dernier.

« Un forfait caricaturé à l’envi », selon Buzyn

N'imaginant pas « convaincre » les sénateurs, Agnès Buzyn a néanmoins tenté de défendre la mesure, qu'elle estime « caricaturée à l’envi ».

« On sait qu'à peu près 20 % des passages n'ont rien à faire aux urgences (...) et dans ces 20 % il y a franchement un petit pour cent de gens qui exagèrent, a fait valoir la ministre de la Santé. L'idée c'est que dans un certain nombre de cas, nous devons faire de la pédagogie vis-à-vis de nos concitoyens. »

« Il est impossible de soutenir cette proposition tant elle contrevient à l'esprit même du serment d’Hippocrate », a affirmé Laurence Cohen (CRCE, à majorité communiste). « Comment ignorer que beaucoup de patients se rendent aux urgences car ils n'ont pas d'autre solution médicale », a-t-elle demandé, jugeant « irresponsable de prendre le risque de renvoyer un patient vers la médecine de ville qu'il ne trouvera peut-être pas, faute d'effectifs. »

« Ce qui m'inquiète dans cette mesure, c'est qu'elle semble baisser les bras, a pour sa part déclaré Bernard Jomier (PS). Parce qu’Olivier Véran, là, il a inventé la tarification à l'inactivité. C'est stupéfiant, quand même. Ce n'est pas une bonne réponse. »

Malgré le rejet des sénateurs, le « forfait de réorientation » pourrait être réintroduit lors de la procédure parlementaire à l'issue de l'examen du PLFSS en commission mixte paritaire, s’il a lieu. S'il devait y avoir un désaccord, l'Assemblée aurait le dernier mot.

(Avec AFP)


Source : lequotidiendumedecin.fr