Peste brune ? Marée bleu marine ? Qu’on s’en affole ou qu’on s’en réjouisse, l’irrésistible ascension de Marine Le Pen prend désormais la forme d’une épidémie. À ce jour, le monde des blouses blanches a pourtant été préservé. Question de périmètre, d’abord : trop complexe, pas assez clivante, trop risquée pour s’y aventurer, la santé n’a jamais été un terrain de prédilection du Front National hormis, peut-être, au début des années sida quand il répandait que la salive pouvait contaminer… Question de public ensuite : les médecins, comme protégés par leur niveau culturel et une empathie naturelle, ont jusqu’alors paru peu sensibles aux sirènes du FN. Pour revenir à l’actualité, la santé, de surcroît, ne fait pas partie des compétences de conseils régionaux dont on rappellera qu’ils n’ont pas la main sur les ARS. Mais, la récente polémique sur le devenir des subventions au Planning familial en Paca ou la bévue du FN nordiste contre « l’immigration bactérienne » en novembre en disent long sur les inclinations du mouvement.
Or l’arrivée du parti d’extrême droite aux portes du pouvoir impose de porter désormais un regard attentif à sa plateforme santé. Première surprise, la banalité. La plupart des concepts avancés - DMP, maisons de santé, plafonnement du secteur 2, vente de médicaments au détail, stages étudiants ou incitations à l’installation en zones désertifiées - ne sont guère marqués du sceau de l’originalité. Étonnant pour un parti qui prône la rupture. Comme si, à court d’idées pour bâtir un programme sanitaire, le FN se trouvait contraint d’emprunter aux ténors santé des partis traditionnels pourtant stigmatisés sous le sigle honni d’ « UMPS ».
Rien de neuf sur la santé dans la galaxie frontiste ? À bien y regarder, si, un peu. Le parti met en avant deux obsessions. À commencer par la lutte contre la fraude, dont il se fait fort de tirer pas moins de 15 Mds € en 5 ans ! Et de prôner pour y arriver un maillage de fichiers à même d’inquiéter jusqu’aux plus tièdes défenseurs des libertés publiques. Autre constante du mouvement : sa méfiance pour l’étranger. Dans le programme actuel, on ne parle plus de caisses spécifiques pour les non-nationaux, mais de suppression pure et simple de l’aide médicale d’État (AME) et d’un délai de carence d’un an avant de bénéficier de tout droit à la Sécu. On n’ose imaginer les conséquences qu’auraient ces mesures sur la santé publique… Mais c’est ainsi, assure-t-on au FN, qu’on dégagera des fonds pour venir en aide aux Alzheimer français. Il fallait y penser…
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