Le gouvernement mise-t-il encore sur les médecins de famille pour mener la campagne de vaccination anti-Covid ? On peut légitimement se poser la question. Déjà pointés du doigt pour ne pas aller suffisamment vite, les généralistes engagés dans la vaccination au cabinet sont désormais accusés de thésauriser les précieux flacons d’AstraZeneca. Environ 400 000 doses dormiraient dans leurs frigos, a asséné Jean Castex, mercredi dernier, aux syndicats et à l’Ordre des médecins, qu’il avait virtuellement réunis.
L’objectif de cet échange était de repartir du bon pied après la décision contestée du ministère de la Santé de priver les médecins de vaccins au profit des pharmaciens. Raté ! Les praticiens refusent d’être les boucs émissaires de l’avancée chaotique de la campagne quand les doses commandées arrivent en moins grand nombre ou en retard. La décision ministérielle a été vécue comme un affront par les 35 000 généralistes déjà engagés dans la vaccination, un grand nombre ayant dû annuler les rendez-vous programmés.
D’autant que le même week-end du 6 et 7 mars, le ministère a monté des centres de vaccination éphémères dans toute la France pour vacciner à tour de bras, avec l’aide des pompiers. Résultat : 600 000 injections ont été réalisées du vendredi au dimanche. Un beau succès, certes, mais cette opération de com’ a vidé les frigos et désorganisé les médecins ! Cela valait-il le coup ? Malgré les annonces grandiloquentes, chaque jeudi soir, du Premier ministre sur l’arrivée imminente de doses sans cesse plus importante, l’intendance ne suit pas. Les prévisions de livraison de Pfizer et d’AstraZeneca ont été revues pour mars et avril.
Sur le terrain, médecins et patients sont perdus face aux changements permanents de consignes. Le 1er mars, Olivier Véran annonce au 20 heures de France 2 que la vaccination est élargie aux 65-75 ans à haut risque. Le lendemain, la DGS informe les médecins par mail que les plus de 75 ans sont aussi concernés… Et il faut expliquer aux patients éconduits les jours précédents que oui, ils sont désormais les bienvenus ! À chaque jour suffit sa peine dans cette campagne gérée à la petite semaine.
Christophe Gattuso, directeur de la rédaction
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