Pour l'accès aux médicaments innovants essentiels en oncologie, la France, loin des clichés, est un leader mondial, selon le rapport annuel d'Iqvia Institute, tendances mondiales en Oncologie 2023, présenté juste avant le début du congrès de l'Asco. Ce palmarès repose sur des médicaments mis sur le marché au cours des derniers années. L'Allemagne, érigée en modèle par l'industrie pharma, se classe derrière. Sur la prescription d'inhibiteurs de checkpoints, la France dépasse les États-Unis. Mais au-delà de cette première place, la France et l'Europe résistent avec peine au rouleau compresseur chinois. Il y a dix ans, les laboratoires chinois représentaient 5 % du pipeline d'oncologie. Aujourd'hui, avec une part de 23 %, ils dépassent le vieux continent (21 %). Les États-Unis sont désormais en ligne de mire même si leur position de leader est solide avec 42 %. On peut toutefois noter des signes d'effritement. En 2007, ils détenaient 47 % du pipeline.
Dans ce paysage international mouvant, la recherche emprunte des voies diverses. Selon le rapport d'Iqvia, les tumeurs solides mobilisent l'essentiel des ressources. Pour autant, les biothérapies de nouvelle génération sont expérimentées dans tous les types de cancer. En dépit de ce foisonnement rarement observé, le taux de réussite des projets tend à baisser depuis 2015. Est-ce le résultat de protocoles toujours plus complexes ? En attendant, les essais en oncologie enrôlent dans les protocoles moins de patients que dans d'autres spécialités. La baisse est évaluée à 3 % en 2022. La recherche depuis ces dernières années tend à se concentrer sur les cancers rares.
Cette chute de productivité s'observe avec le nombre de nouvelles susbtances actives, mis sur le marché en 2022. On en a recensé 21 en 2022, 13 dans les tumeurs solides, 8 en hématologie. Ce cru est moins performant qu'en 2020 ((25) et 2021 (35), un record, il est vrai. Mais là encore, le grand bond en avant chinois est spectaculaire.
Cette reconfiguration n'est pas seulement géographique. Elle s'observe aussi dans le paysage industriel. Année après année, les bigs pharmas cèdent du terrain face aux biotechs qui sont à l'origine de 70 % des nouveaux produits d'oncologie. Fait marquant, elles en assurent désormais le lancement.
Cet appétit des jeunes pousses s'explique notamment par l'augmentation moyenne de 5 % chaque année au cours des cinq dernières années. Le progrès se diffuse également dans le champ des CAR-T. Désormais 532 hôpitaux sont accrédités dans le monde. Une forte croissance a toutefois été observée en 2021.
Cette large diffusion de l'innovation a bien sûr un coût. Les dépenses en médicaments ont franchi la barre des 196 milliards de dollars dans le monde en 2022. La progression devrait être spectaculaire dans les prochaines années. En 2027, les experts d'Iqvia pronostiquent pour cette année-là un chiffre d'affaires de 375 milliards de dollars. Cette forte croissance est à peine ralentie par la percée des biosimilaires. En 2022, leur prescription a généré 5, 5 milliards de dollars d'économies pour les budgets de santé. Cela sera-t-il suffisant pour contenir la forte augmentation des dépenses ?
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