Pourquoi demandez-vous la création de groupements locaux ? Les GHT ne répondent-ils pas aux mêmes objectifs ?
Avec les GHT, c’est trop lourd, trop long. Ils accroissent souvent la bureaucratie. Nous demandons plutôt la création de groupements locaux avec des établissements homologues, des Ehpad, des services d’HAD et surtout des CPTS dans un périmètre raisonnable. Le GHT n’est pas un parcours de soin mais une administration hospitalière supplémentaire dans le mille-feuille, entre l’ARS et l’établissement. Le parcours du patient ne s’inscrit pas de manière complète dans un GHT il ne relève pas du seul secteur public. Définir un parcours seulement public est illusoire, irréaliste. Plutôt qu’une organisation verticale, on incite à la prise en compte d’un bassin de vie qui ne serait pas à l’échelle du département. Je plaide pour une organisation souple et pragmatique
Quel sera le financement des hôpitaux de proximité ?
Sur le financement, la dotation fixe serait attribuée sur trois ou quatre ans au lieu des deux ans auparavant alors que nous signons des CPOM à 5 ans. Tout devrait être mis en cohérence. Persistent d’autres inconnues, par exemple sur notre rôle dans la prévention et son financement dans la part variable. De plus, l’hôpital de proximité aura à assumer de nouvelles missions. A quelle hauteur et comment seront-elles financées ? Par ailleurs, cela ne rattrape pas les années de sous-investissements passés. Les hôpitaux ont été étouffés par la dotation annuelle de financement pendant des années. D’où un retard en investissement, en recrutement d’équipes multidisciplinaires, de médecins. Avec ce qui est programmé, ces hôpitaux de proximité ne décolleront pas. Ce financement ne porte par ailleurs que sur la médecine. Même si l’on augmente le nombre de séjours, cela ne bouleversera pas le budget de l’hôpital car cela porte sur un nombre réduit de lits et donc de séjours. On demande plutôt comme axe stratégique fort pour les GHT l’inscription d’un principe de subsidiarité. Serait rapatrié dans les hôpitaux de proximité ce qui peut être fait, soit en vérité 80 % de l’activité avec une redistribution dans le même temps des moyens financiers et humains. Les services universitaires trop souvent nous refusent par ailleurs des agréments de terrain de stage pour les internes. Nous avons encore deux réunions programmées le 5 mars et le 24 avril pour régler ces problèmes aborder la question des hôpitaux de proximité et la gouvernance des CPTS.
Vous êtes en désaccord avec la FHF sur les GHT. Pour quel motif ?
Sur la gouvernance, il y a un consensus en dehors de la FHF, sur la création d’un comité de liaison ville-hôpital selon des modalités adaptées à chaque territoire et régie par une convention, instrument souple. Le cadre des CPTS est général, assez peu formalisé. D’où la difficulté à structurer des relations. Un autre obstacle doit être levé. Les GHT et les territoires de santé ne sont pas à la même échelle que les CPTS. Les syndicats médicaux préconisent une souplesse d’organisation traduite par une concertation ville-hôpital où tous les acteurs seraient représentés. Or La FHF ne souhaite pas ouvrir les yeux sur la réalité des GHT et leur dérive bureaucratique qui ne se fait pas au bénéfice du parcours du patient. La conception (FHF, ARS, Ministère) est d’aller vers une assistance publique départementale qui ne tient pas compte de son environnement, sans lien avec les CPTS ou le secteur privé. Et c’est le problème. On continue à avoir des mondes parallèles. Le ministère vise à un parcours de soins régulé par le sommet de la pyramide. Je verrai plutôt l’inverse. Dans le schéma actuel, l’hôpital de proximité est devenu un outil pour améliorer les performances de l’hôpital support, avec aspiration dans un premier temps puis refoulement des patients dans les cas difficiles sans solution sociale. Dans ces négociations deux éléments doivent être pris en compte, d’abord le rouleau compresseur du GHT où l’établissement support a vocation à gérer les investissements du territoire, les ressources médicales, les achats. Cela est « en marche ». Demeure ensuite l’ambiguïté sur le nombre définitif des hôpitaux de proximité, 500 ou 600 ? ce qui alors entraînera la fermeture de services (maternités et chirurgie) dans 250 à 350 établissements. Il y a là un grand danger politique. Emmanuel Macron s’est engagé à ne pas fermer de services en l’absence d’accord du maire. En vérité, nous sommes dans un flou artistique, sans prise sur le sujet. On ne sait pas qui décide in fine. Nous avons demandé la liste des futurs hôpitaux de proximité. Elle ne nous a pas été communiquée. Un problème chasse l’autre. La crise des gilets jaunes a mis l’accent sur l’exigence de proximité, puis il y a eu la crise des urgences et enfin aujourd’hui la démission collective des chefs de services et de pôles. Avant la crise des gilets jaunes, la création des hôpitaux de proximité répondait à une finalité autre, à savoir restructurer l’offre hospitalière avec fermeture des maternités et des services de chirurgie que l’on habillait en hôpital de proximité. La crise des gilets jaunes a de fait reposé le concept d’hôpital de proximité qui depuis a vu l’abandon de l’objectif chiffré de 500 à 600 établissements.
* FIAP, Paris XIV e.
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