Covid-19

La cinquième vague n'est pas finie

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Publié le 21/03/2022
En France comme ailleurs en Europe, la cinquième vague de Covid-19 n'en finit pas. Les hospitalisations ne baissent plus, ce qui relance les critiques sur une levée prématurée des mesures par le gouvernement français.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Les Français ont-ils tombé le masque trop tôt ? Ces dernières semaines, le nombre moyen de cas positifs au Covid-19, calculé sur une semaine, continue de progresser en France. La moyenne quotidienne s'établissait dimanche 20 mars à 89 002 contre 65 251 une semaine plus tôt. Cette remontée s'illustre aussi en milieu scolaire : 3 184 classes étaient fermées vendredi 18 mars, contre 2 693 classes une semaine avant.

Plus inquiétant, le nombre de nouvelles admissions à l'hôpital s'est stabilisé. « Depuis deux jours, le nombre d'hospitalisations ne baisse plus », a noté lundi 21 mars le ministre de la Santé, Olivier Véran, dans Le Parisien. « Les entrées à l'hôpital augmentent à nouveau depuis huit jours et les arrivées en réanimation sont à peu près stables, tout comme le nombre de décès. Ce qui veut dire que ça ne baisse plus », s'est inquiétée l'épidémiologiste Catherine Hill dans L'Express.

Prédominance du sous-variant d’Omicron

Ce rebond, visible au niveau européen, s'explique entre autres par la prédominance du sous-variant d'Omicron BA.2, environ 30 % plus contagieux que son prédécesseur, le BA.1. Dans d'autres pays avec deux semaines d'avance sur la France, comme au Royaume-Uni, on observe ainsi une croissance très rapide de l'épidémie, liée sans doute à la contagiosité accrue de ce variant.

À cela s'ajoute un relâchement des gestes barrières de certains Français, lassés par deux ans de pandémie, qui n'ont pas attendu la fin du masque et la suspension du passe vaccinal le 14 mars pour baisser la garde face au virus. « Les Français font moins attention car le message que fait passer le gouvernement, avec la levée des restrictions, c'est que tout va très bien, alors que ce n'est pas vraiment le cas », a regretté Catherine Hill.

FFP2 obligatoire en intérieur en Autriche

Face à la hausse des contaminations, l'Autriche va réimposer le port du masque (FFP2) en intérieur. « Les pays européens sont en train de constater les premiers effets de la désinvolture de leurs politiques vis-à-vis de la gestion de la pandémie », a taclé dans un récent tweet l'épidémiologiste Antoine Flahault.

Le gouvernement français se défend toujours d'avoir lâché du lest trop tôt. « Si nous avions conservé les mesures, certains auraient dénoncé une manœuvre électoraliste pour maintenir un niveau de peur soi-disant utile au président. Quand on les lève, les mêmes nous disent que c'est électoraliste », a répondu Olivier Véran.

L’importance du rappel

Une autre explication du rebond est à chercher du côté des vaccins : l'effet protecteur du rappel s'érode après trois mois, comme l'a rappelé vendredi la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees). C'est d'ailleurs pour cela que le gouvernement invite aujourd'hui les plus de 80 ans à effectuer une deuxième dose de rappel. À ce jour, 75 % des 80 ans et plus ont reçu un premier rappel vaccinal.

Vendredi 18 mars, la Haute Autorité de santé (HAS) est allée plus loin que le gouvernement, estimant que la quatrième dose de vaccin devait être proposée aux personnes de plus de 65 ans les « plus à risque ». À court terme, la plupart des experts anticipent une hausse des hospitalisations, l'espérant cependant maîtrisée avec un variant malgré tout moins agressif et entraînant des formes moins graves de la maladie.

D'autres variants à venir cet automne ?

La vraie question concerne les mois à venir. « On est à la merci d'un nouveau variant qu'on attend plutôt, si on interroge la communauté scientifique, à l'automne. Moi je n'en suis pas certain, je ne sais pas. Il peut arriver avant », a souligné la semaine dernière le président du Conseil scientifique, Pr Jean-François Delfraissy. « Est-ce qu'il s'agira d'un variant plus transmissible ? Est-ce qu'il va être plus sévère ? Échapper au vaccin ? Personne ne le sait ».

« Ma crainte, ce n'est pas tant ce qui arrive dans les semaines qui viennent mais plus dans les six prochains mois », a expliqué lundi le Pr Rémi Salomon, président de la commission médicale d'établissement de l'AP-HP, sur RMC. Car, selon lui, « l'hôpital est plus fragile qu'avant la pandémie, paradoxalement ».

(Avec AFP)


Source : lequotidiendumedecin.fr