Première salve de Jean Loup Durousset*, depuis 2015, les établissements de santé de proximité ferment de plus en plus, avec un pic début 2016. Motif invoqué, la baisse très importante des autorisations de chirurgie et de soins délivrées et renouvelées par les ARS. Ce qui contraint ces établissements à n'exercer que des soins de premier recours, et les patients à parcourir parfois plus de 70 kilomètres pour bénéficier de soins courants. Est en cause selon M. Durousset, la structuration de l'offre de soins sur la base d'actes à faible fréquence, au détriment des chirurgies courantes dont les besoins sont trois à quatre fois plus importants. «L'Etat subventionne des établissements de grande taille et abandonne financièrement les microstructures chirurgicales », assène-t-il. Il favoriserait des établissements de grande taille, multispécialisés et éloignés des zones rurales et péri-urbaines.
Cour des comptes
Pour illustrer son propos, Jean Loup Durousset cite un rapport de la Cour des comptes de 2013 qui préconisait le recours à des hôpitaux de proximité pour stopper à terme la réduction des inégalités de l'accès aux soins. Selon lui, les établissements importants (600, 800 lits ou plus) généreraient des coûts de l'ordre de 100 à 150 millions d'euros, versus des établissements de petite taille (20 places ambulatoires/20 à 35 interventions par jour) nécessitant un investissement de 4 à 6 millions d'euros.
Dernière pique, la formation. Chaque année, 3 000 offres de médecins ne sont pas pourvues. Seuls 8 000 étudiants en médecine et chirurgie courante sont admis chaque année sur 90 000 postulants. Et Jean-Loup Durousset de tacler une fois de plus la politique de santé. Car l'accent devrait être mis sur « la recherche d'hypercompétences, et non pas d'hyperspécialistes ».
80 % des jeunes médecins sont des femmes
Pour pallier la désertification médicale, il faudrait prendre en compte le fait que 80 % des jeunes médecins sont des femmes. Les élus locaux devraient intégrer cette idée dans l'accueil des médecins et de leur famille. Cette politique est actuellement mise en oeuvre au sein du groupe Noalys, notamment sur le site PSA de Sochaux pour le futur établissement de Montbéliard, conclut Jean-Loup Durousset.
* Jean-Loup Durousset, président du groupe de cliniques privées Noalys, est intervenu en septembre 2016 lors d'un débat des universités d'été de l'Anap (Agence nationale d'appui à la performance).
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