Au milieu des années 1990, le gouvernement Juppé avait trouvé la parade pour baisser les dépenses de santé : diminuer le nombre de médecins. On connaît les effets désastreux du MICA, le dispositif inventé pour encourager les praticiens à prendre leur retraite anticipée, conjugué à une baisse drastique du numerus clausus. Les pouvoirs publics se sont ensuite appuyés sur de nouveaux concepts pour réduire le déficit de l’Assurance maladie : guides de bonnes pratiques, référentiels. Par ailleurs, depuis quelques années, une partie de la rémunération des généralistes repose sur la performance (ou plutôt sur des objectifs de santé publique, terme plus politiquement correct).
Dans leurs discours, les derniers ministres de la Santé emploient les mots “efficience”, “pertinence”, “chasse à la redondance”. Ces derniers jours, Agnès Buzyn assène que 30 % des actes réalisés seraient injustifiés. Des opérations réalisées en routine, des examens d’imagerie inutiles, des recours aux urgences, des surprescriptions de médicaments… Ce résultat est issu d’une enquête de la Fédération hospitalière de France (FHF) réalisé il y a cinq ans.
Le message semble être passé auprès de la population. Selon un récent sondage Odoxa toujours réalisé pour la FHF, trois quarts des Français jugent que les actes médicaux non justifiés constituent un « problème important ». Même les médecins partagent cet avis puisque, selon ce même sondage, neuf sur dix ont reconnu qu’il leur arrivait personnellement de prescrire des actes superflus (28 % régulièrement).
Des variations de pratique importantes et inexplicables entre les régions existent indéniablement (et parfois entre établissements) sur certains indicateurs : taux de recours à la césarienne, pose de prothèse de hanche, ou appendicectomie par exemple. Pour autant, peut-on considérer a posteriori qu’un examen sanguin ou une radio ont été inutiles car ils n’ont rien révélé ? A contrario, certains examens non réalisés n’auraient-ils pas été nécessaires pour détecter une anomalie et réaliser des économies à long terme ?
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