En matière de santé, les Français et davantage encore les professionnels de santé pronostiquent le pire, si l'on en croit les résultats de l'enquête Odoxa pour la Mutualité Nationale Hospitalière* et le Figaro Santé avec le concours scientifique de la chaire santé de Sciences Po (voir ici). Les Français seraient-ils tous des Cassandre ? « Le fossé est important entre la reconnaissance des Français pour les soignants de l'hôpital et leur profond pessimisme », note Daniel Benamouzig à la tête de la direction de la Chaire Santé. Sans surprise en effet, l'image des soignants s'est encore bonifiée pendant la pandémie. 96 % des Français déclarent avoir une bonne image des infirmiers et infirmières. La progression est spectaculaire. Pour autant, un même pessimisme cimente les Français et les soignants sur l'avenir du système de santé. Simplement les soignants auraient un temps d'avance. 93 % d'entre eux pronostiquent une dégradation. La disponibilité des soignants est bien le critère qui permet de mesurer l'altération de la quête de sens au travail. Neuf soignants sur 10 estiment ne pas disposer d'assez de temps pour écouter leurs patients. En dépit des déclarations d'intérêt au cours de la dernière campagne présidentielle, cette urgence ne semble pas avoir mobilisé les politiques. Il y a pourtant autour de cette question un risque d'embrasement. Cette situation est d'autant plus paradoxale que les soignants adorent leur métier et n'envisagent guère d'en changer. 95 % d'entre eux estiment faire un travail utile, soit 13 points de plus que les salariés d'autres branches. Dans le même temps, 73 % estiment que leur travail n'est pas reconnu à sa juste valeur avec des perspectives d'évolution guère motivantes. Au-delà de la carrière, 52 % des soignants assurent que le travail génère un niveau de stress inacceptable. Cette situation est spécifique au secteur médical. Deux tiers des Français disent l'inverse. Au final, l'écrasante majorité des soignants ne conseilleraient pas à leurs enfants d'exercer une profession de santé, surtout à l'hôpital. Le principe espérance est un concept oublié chez les professionnels de santé.
*Actionnaire du Groupe Profession Santé
À la mémoire de notre consœur et amie
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