Ce n'est pas une surprise. La crise sanitaire a eu un coût humain mais aussi financier. Dans une étude comparative sur l'évolution de la dépense de santé en Europe, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) s'est penchée sur la question.
À partir de chiffres internationaux de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l'étude montre une forte augmentation des dépenses de santé en Europe, en 2020, « sous l'effet de la pandémie ».
+3,9 % de dépenses de santé en France
Et la République Tchèque figure en haut du podium, avec une augmentation de ses dépenses de santé de 19, 5 %. Elle est suivie de près par la Hongrie puis, en troisième position, par le Royaume-Uni (+15,7 %). Quant à l'Allemagne, la France et l'Italie, ils enregistrent une hausse respective de 6,3 %, 3,9 % et 2,6 %.
La Belgique fait, elle, figure d'exception et demeure le seul pays à enregistrer une baisse de ses dépenses de santé (-3,3 %). « Mais cela tient essentiellement au fait que le pays n’a pas comptabilisé dans le calcul de la DCSi les indemnisations versées aux professionnels de santé dont l’activité était limitée ou empêchée par la crise sanitaire », nuance l'étude.
Différents déterminants
Plusieurs déterminants sont à l'origine de cette « hausse généralisée » des dépenses de santé en Europe. Ils sont toutefois, pour la plupart, directement liés aux dépenses exceptionnelles engagées pour lutter contre l'épidémie de Covid-19, estime la Drees qui propose un focus sur la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne.
Pour ces trois pays, une partie importante des dépenses de santé porte en effet sur l'acquisition d'équipements « rendus indispensables par la crise sanitaire ».
Sur l'année 2020, « la France a ainsi consacré 3,9 milliards d’euros à l’achat de masques et 0,7 milliard aux équipements de protection individuelle, soit un total de 4,6 milliards d’euros », peut-on lire.
Le Royaume-Uni a, lui, consacré l'équivalent de 16,5 milliards d'euros à l'achat de masques et d'équipements de protection individuelle (stock compris).
« Selon l’administration britannique, cette dépense extrêmement élevée s’explique par des erreurs de gestion en matière de planification des achats et d’utilisation opérationnelle, (d'acquisition) des équipements au-dessus des prix du marché (...) », détaille la Drees.
Comme le Royaume-Uni, l'Allemagne a été la cible de critiques vis-à-vis de sa politique d'achat. Celle-ci a été jugée trop « coûteuse », mentionne la Dress. Au total, un peu plus de 7 milliards d'euros ont été dépensés dans l'achat de masques et d'équipements de protection.
Les dispositifs mis en place pour tracer et dépister représentent aussi des sommes importantes. Au Royaume-Uni, le « Test and Trace System » a été évalué à environ 4,8 milliards d'euros pour l'année 2020. En France et en Allemagne, les tests de dépistage et le suivi des malades ont respectivement coûté 2,7 milliards d'euros et 1,2 milliard d'euros en 2020.
En France, 2,4 milliards de primes accordés aux soignants
Par ailleurs, en raison « des recrutements d’urgence effectués pour faire face à la crise, mais aussi des primes ou des revalorisations salariales accordées aux soignants ou au personnel des maisons de retraite », les rémunérations des professionnels de santé ont augmenté en 2020, observe la Drees.
La France a ainsi accordé, en 2020, « 2,4 milliards d'euros de primes (hors mesures du Ségur de la santé, entrées en application en fin d’année 2020) » aux soignants « en première ligne face à l'épidémie, que ce soit à l'hôpital ou en maison de retraite » indique la Drees.
Ce montant s'élève à 700 millions d'euros au Royaume-Uni. En Allemagne, cette dépense est plus faible et s'établit à 100 millions d'euros. Toutefois, une « enveloppe fédérale à destination des maisons de retraite a été dotée de moyens plus significatifs : 900 millions d’euros », est-il précisé. Il est à noter que la Drees ne compare pas les réuménérations hors pandémie.
Baisse d'activité des généralistes
Comme le mentionne la Drees dans son étude, en 2020, « la baisse d’activité des soins en ville lors des périodes de confinement et les déprogrammations d’opérations dans les hôpitaux du fait de la priorisation des patients atteints de Covid-19 ont conduit à une contraction de l’activité pour de nombreux soignants. »
En 2020, les médecins généralistes allemands ont en effet enregistré une baisse du volume de leurs consultations de 10,3 %. Ce chiffre s'élève à 4,4 % pour les médecins français. Inéluctablement, « ces chutes d’activité se sont mécaniquement traduites par des pertes de revenus », souligne la Drees.
Pour compenser ces pertes, des subventions exceptionnelles ont été mises en place.
« En France, elles ont représenté en 2020 une enveloppe de 4,7 milliards d'euros, dont 1,3 milliard au titre du dispositif d’indemnisation de la perte d’activité (DIPA) à destination des praticiens libéraux, 1,6 milliard au titre des garanties de financement aux cliniques privées et des établissements médico-sociaux et 1,8 milliard à destination des hôpitaux », détaille le document.
Mais les sommes engagées par l'Allemagne demeurent plus élevées. « En effet, parallèlement au « bouclier de protection » mis en place pour indemniser les médecins libéraux et dont le montant total n’est pas encore connu, 10,2 milliards d’euros ont été dépensés pour compenser les pertes de revenus des seuls hôpitaux et cliniques », note ainsi la Drees.
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