Attendu, le discours de politique générale de François Bayrou, devant l’Assemblée nationale, aura duré 1h30, ne consacrant que quelques maigres passages à la santé, avec peu d’annonces nouvelles mais néanmoins une poignée de marqueurs plutôt dirigés vers la gauche, dont l’abandon du déremboursement des consultations et des médicaments et des crédits supplémentaires pour le secteur.
Même si elle constitue « l’une des toutes premières préoccupations d’urgence et quotidienne, au cœur du modèle social français », la santé n’a été brossée à grands traits qu’en fin de discours par le Premier ministre, parfois chahuté pendant sa prise de parole.
Aborder de front la question de la formation
Le premier défi reste celui des déserts médicaux. Selon le locataire de Matignon, « nous avons tous été confrontés à la difficulté de trouver un médecin généraliste, un spécialiste ou un dentiste, pour se faire soigner ». C’est pourquoi le Premier ministre appelle à s’attaquer à « l’enjeu clé de la démographie médicale », notamment avec les élus territoriaux, et à aborder « de front » la question de la formation médicale. Sans préciser comment alors que des voix s’élèvent par exemple pour réduire les études de médecine.
Sans évoquer précisément l’accès aux études de santé, le maire de Pau a jugé que le système de « Parcoursup est une question », appelant à « ouvrir les portes ». Et ce, « sans doute en inventant une période de transition » d’un an entre la fin du secondaire et le début du supérieur.
Hausse de l’Ondam à 3,3 % et vision pluriannuelle
Dans un contexte de crise hospitalière, y compris financière, « plus que préoccupante », François Bayrou a promis une « hausse notable de l’Ondam (objectif national de dépenses maladie) » pour améliorer la situation budgétaire des établissements, « améliorer les conditions de travail des soignants et protéger les plus fragiles ». Déjà, Catherine Vautrin (Travail, Santé, Solidarités, Familles) avait laissé entendre que le gouvernement était ouvert à desserrer l’étau dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2025), dont l’examen au Sénat reprendra le 23 janvier (puis à l’Assemblée le 3 février). Dans la soirée de mardi, François Bayrou a précisé que les dépenses de santé augmenteraient de 3,3% en 2025 au lieu de +2,8%, une augmentation significative de 0,5 point. Reste à savoir si cette rallonge budgétaire sera fléchée prioritairement vers les établissements ou si elle profitera aussi au secteur des soins de ville.
De surcroît, a admis le Premier ministre, « l’absence de vision pluriannuelle prive l’hôpital de capacités à se doter de projets de moyen et long terme ». François Bayrou défendra en ce sens le passage « d’une logique budgétaire annuelle à une logique de financement pluriannuel », une demande récurrente du secteur (établissements, libéraux et industriels) mais aussi des parlementaires depuis de nombreuses années.
Arbitrage attendu par les oppositions, le chef du gouvernement a acté l’abandon du projet très clivant de déremboursement des médicaments et des consultations, envisagé dans les discussions budgétaires par Michel Barnier. L’économie espérée initialement devait permettre de dégager près d’un milliard d’euros.
Il a aussi confirmé « le remboursement intégral des fauteuils roulants dès 2025 » et sa volonté d’avancer sur le grand âge avec les collectivités territoriales. Il a mentionné la création du Haut-commissariat à la protection de l’enfance et affiché sa volonté de renforcer la pratique du sport dans le pays.
Fin de vie : sujet important, la main au Parlement
Sur le plan de la santé publique, François Bayrou a repris à son compte l’engagement de son prédécesseur Michel Barnier de faire de la santé mentale sa « grande cause nationale pour 2025 ». Le Premier ministre a aussi abordé « la santé au travail, la prévention et les arrêts » comme autant de sujets à traiter, notamment dans les futures concertations sur le travail.
Concernant cette fois la réforme de la fin de vie, le premier ministre l’a mentionnée comme exemple des « sujets importants dans notre société », sans arbitrer sur ce chantier, en jachère depuis la dissolution de l’Assemblée. Le Parlement « a de ce point de vue des prérogatives qui doivent être pleinement respectées », a-t-il ajouté.
Le chef du gouvernement a par ailleurs annoncé la création d’un fonds spécial « entièrement [consacré] à la réforme de l’État », estimant que les « 1 000 agences ou organes de l’État constituent un labyrinthe dont un pays rigoureux peut difficilement se satisfaire ». Sans préciser si certaines agences sanitaires seraient concernées par le futur grand ménage envisagé…
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