Vingt ans après la loi de 2005 sur le handicap, le gouvernement a promis ce 6 mars un coup d’« accélérateur » en matière d'accessibilité, des annonces jugées insuffisantes par certaines associations qui appellent à une journée de mobilisation.
« En 2025, on va accélérer, accélérer, accélérer », a déclaré la ministre déléguée chargée du Handicap Charlotte Parmentier-Lecocq à l'issue d'un comité interministériel du handicap qui a réuni une quinzaine de ministres, le Premier ministre, des représentants d'associations et des élus locaux.
Contrôle des établissements recevant du public (« prioritairement ceux qui devraient déjà être aux normes », c’est-à-dire les plus gros), chantiers de « toutes les gares prioritaires nationales » engagés d’ici à fin 2027, fauteuil personnel jusqu’à la porte de l’avion et dès le débarquement dans les principaux aéroports français, telles sont les principales mesures pour l’accessibilité. Concernant le logement, le rapport d’évaluation de la loi Elan, dont les objectifs sont décriés par les associations, sera remis fin mars au Parlement. Et une expérimentation est lancée dans deux départements pour un accompagnement pour les demandes d’aides sociales au sein des maisons France Service, notamment pour compléter le formulaire « chronophage et complexe » indispensable au versement de l’Allocation adulte handicapé.
Du « C’est fait » au « C’est en cours »
Pour l’accès à la santé (« une ambition réaffirmée lors de la conférence nationale du handicap »), le comité rappelle les actions entreprises, en premier lieu la prise en charge intégrale des fauteuils roulants à compter du 1er décembre 2025. La solidarité nationale pour prendre en charge « de façon simplifiée, dans des délais réduits (maximum 2 mois) sans reste à charge les fauteuils électriques comme manuels », y compris de sport. L’expérimentation Handigynéco avec des consultations longues (y compris les consultations dites « blanches ») par des professionnels formés sera généralisée à l’ensemble du territoire à travers la loi de financement. Autre avancée déjà réalisée, les dispositifs dédiés aux personnes en situation de handicap ont été intégrés dans le cahier des charges des opérateurs de télésanté.
Pour ce qui est des nouvelles mesures, le gouvernement indique que la création d’un service de repérage et d’accompagnement précoce pour les enfants de 0 à 6 ans est en cours. « Dans les prochaines semaines, les textes réglementaires de création des trois parcours de (ce) service (…) seront publiés permettant de conduire à un vrai pilotage du repérage précoce, adapté et intense par des professionnels de santé mobilisés partout sur le territoire », lit-on. L’offre se veut plus lisible pour les familles et « garantissant un accueil quel que soit le handicap supposé de l’enfant ». Une filière de soins dans le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) se crée avec l’identification d’un centre ressource par région et de l’ensemble des professionnels compétents.
Peu de nouveauté, les associations insatisfaites
En 2025, un groupe de travail dédié à l’amélioration de la vie affective et sexuelle et à la lutte contre les violences faites aux femmes sera lancé en vue de l’élaboration d’une feuille de route opérationnelle. Pour l’armée, le Village des blessés ouvrira ses portes cette année à Fontainebleau (au sein du Centre national des sports de la Défense). Destiné aux militaires blessés et à leurs familles, il intègre le sport et la sphère familiale pour aider au processus de reconstruction physique et psychique.
Pour les associations, le compte n’y est pas. Pour APF Handicap France, ce comité interministériel est « bien loin du choc d’égalité réclamé et attendu » et se réduit à ses yeux à « un exercice d’inventaire, de suivi des mesures, de reprise de plans en cours et de réformes déjà actées ». Même son de cloche du côté du Collectif Handicaps, qui regrette « le goût de “déjà-vu” » et « une politique des trop petits pas, sans rupture véritable », malgré la mise à disposition de ses 200 propositions. « Rien ne sert de faire de nouvelles annonces, si les précédentes ne sont pas appliquées », tacle le collectif. « Pas de budget, pas de méthode, très peu de nouveauté », APF France déplore que rien ne soit dit quant à la compensation et aux ressources, appelant à une mobilisation le 15 mars.
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