Une cinquantaine de personnes, dont quelques médecins et étudiants, ont participé jeudi dernier au grand débat national organisé sur la santé dans un amphi de la fac de médecine de Strasbourg. Parfois désordonnés, les échanges animés par les députés LREM Thierry Michels et Stéphanie Rist ont révélé un réel besoin d'échanges autour des questions de prévention et d’accès aux soins.
Ouvert par un retraité souhaitant que les jeunes « rencontrent des cancéreux pour comprendre l’importance d’avoir un mode de vie sain », le débat a été recadré par un interne en néphrologie, pour qui la consommation excessive de sel doit s’inscrire dans une politique de santé publique et faire l’objet de mesures réglementaires. Faut-il taxer les produits trop gras ou sucrés, à l’image la taxe soda ? Comme le relevait laconiquement un externe, « on a fait la même chose avec l’essence, et ça a donné les gilets jaunes ». D’autres intervenants pointaient le manque criant de médecins scolaires, l’espacement des visites de médecine du travail ou la non-application du « parcours éducatif de santé » à l’école, pourtant inscrit dans la loi.
L’accès aux soins a dominé le reste de la soirée, ponctuée de demandes péremptoires, comme « nationaliser l’industrie pharmaceutique ». Le débat a glissé vers les dérives, réelles ou supposées, du financement de la santé, y compris en matière de « doublons » et de redondances d’examens, qui coûteraient, selon certains, « entre deux et dix milliards d'euros par an ».
Plus technique, un externe a soulevé la question des DMP pas toujours accessibles d’un hôpital à l’autre. Dans la même veine, un pédiatre s’insurgeait contre le développement trop lent de la télémédecine : « Beaucoup d’enfants handicapés doivent encore subir des transferts longs et complexes pour des consultations qui pourraient aisément se pratiquer à distance ». Interpellée en tant que rapporteur de la future loi de santé, le Dr Stéphanie Rist, rhumatologue, a répondu que ces aspects, prévus dans le texte, n’entraient pas spécifiquement dans le cadre d’un grand débat. Réponse d’un étudiant : « Je crois que si, nous sommes justement au cœur de la problématique en en parlant ici ».
Avant des formules plus convenues – « j’ai passé ma vie à l’étranger et en France on ne réalise pas la chance qu’on a » – le débat a effleuré la démographie médicale : en Alsace, s’accordent deux intervenantes, « il n’y a pas vraiment de déserts, mais il devient de plus en plus difficile de trouver un généraliste qui accepte de vous suivre… et encore plus s’il s’agit d’une personne très âgée ». Outre l’organisation des soins, il faut tenir compte de l’évolution de la profession : comme le précisait le jeune néphrologue, « nous sommes nombreux à ne plus vouloir vivre comme les générations précédentes et, pour moi aussi, il est hors de question de travailler 90 heures par semaine ».
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes