À quatre jours de la présentation de la réforme du système de santé, Agnès Buzyn s’est présentée vendredi à Giens (Var) devant plus d’une centaine de cadres de la CSMF, réunis à l’occasion de la 24e édition de l’université d’été de la confédération.
La ministre de la Santé a renoué ainsi avec une tradition interrompue par Marisol Touraine. Et plutôt qu’un long discours, elle a accepté de répondre pendant une heure et demie aux questions des participants, qui l’ont accueillie avec des applaudissements. L’occasion pour Agnès Buzyn d’insister sur le besoin de développer la pertinence des soins — fil rouge de ce week-end de brainstorming.
Pour la valorisation des bonnes pratiques
Après avoir remercié la ministre de sa présence — une première depuis 2015 — et d’avoir su « rétablir le dialogue avec les médecins libéraux », le président de la CSMF, le Dr Jean-Paul Ortiz, a fait part de ses inquiétudes et averti Agnès Buzyn : la réforme à venir devra être « vaste » et centrée sur la médecine de ville. « L’attente est forte », a-t-il souligné. Le président de la Confédération a rappelé que les praticiens français figuraient parmi les moins bien payés d’Europe.
Si la ministre a pu rassurer les cadres de la CSMF en insistant sur son opposition à la coercition à l'installation — « C’est du management élémentaire. Quand les gens sont engagés, vous ne pouvez pas être autoritaire », a-t-elle clamé — elle ne leur a cependant pas promis la lune, écartant une éventuelle revalorisation du G dans un futur proche.
« La question est toujours la même. Est-ce qu’on revalorise l’acte et on continue de payer plus ceux qui font plus indépendamment de la qualité ? », a interrogé Agnès Buzyn. « Il y a trop de différences dans la façon dont les médecins s’engagent vis-à-vis de leur patientèle, a-t-elle plaidé. (…) Arrêtons de tout miser sur la revalorisation des actes, valorisons la bonne médecine, celle qu’on a envie de faire. »
Selon la ministre, il faut également « s’éloigner progressivement de l’idée qu’on exerce la médecine comme un art ». « Cette notion, avec le temps, l’evidence-based medecine, les bonnes pratiques… nous obligent à harmoniser la façon dont nous traitons certaines pathologies, notamment chroniques », a-t-elle expliqué.
Hausse de l’Ondam : la ministre botte en touche
Agnès Buzyn a tenu à souligner que la pertinence des soins n’était pas forcément toujours une notion synonyme d’économies, assurant que des dépenses pourraient être engagées si elles permettent d’améliorer la prise en charge des patients. La ministre de la Santé a également promis qu’une partie des économies générées par des soins plus pertinents serait redistribuée aux acteurs l’ayant permise.
Agnès Buzyn n'a donné aucune indication sur le niveau de l’Ondam (Objectif national de dépenses de l’Assurance maladie) pour 2019, ne confirmant pas l'hypothèse avancée dans la presse économique d'une hausse à 2,4 % des dépenses de santé l'an prochain. La ministre a botté en touche, déclarant qu’il était « très difficile de travailler avec un Ondam contraint » mais fait valoir qu’un pays devait « remplir de nombreuses autres missions, toutes aussi importantes que la santé ».
Même si elle n'a divulgué aucune mesure de la prochaine réforme du système de santé, laissant au président de la République la primeur des annonces, la ministre de la Santé a eu le droit à des applaudissements fournis de l'assistance.
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