L'effondrement était-il prévisible ? Suite à la pandémie qui a écrasé la charge de travail des hospitaliers qui a elle-même succédé à des années de disette, les chiffres officiels révélés par le journal Libération montrent que « le moment est périlleux », selon le directeur général de l'AP-HP, Martin Hirsch. Dans ces établissements, 19% des lits étaient fermés au mois de septembre 2021 (contre 9% en septembre 2019). Illustration à Cochin où il manque 127 lits, soit 15% de l'offre de soins, à l'HEGP (Pompidou) 172 lits, soit 24% de l'offre de soins, à Garches (département des Hauts-de-Seine), ce sont 85 lits fermés (30 %). Dans le plus grand centre hospitalier d'Europe, à savoir la Pitié Salpêtrière, 225 lits sont hors service, soit un taux de fermeture de 14%. Le total de lits fermés de l'AP-HP est donc de 3 566 lits sur 20 000 (contre 1 694 lits inutilisés en septembre 2019). A l'hôpital Necker par exemple, en lits fermés, l'anesthésie réanimation en compte 10, 14 en pédiatrie, 18 en chirurgie générale, 8 en neuropédiatrie (soit un quart des lits du service). Les patients sont redispatchés dans d'autres spécialités, ce qui peut les mettre en danger. Selon le Pr François René Pruvot interrogé par Libé, ce sont surtout les services de chirurgie qui sont menacés : alors que les déprogrammations suite à la pandémie n'ont plus lieu d'être sur le territoire hexagonal suite au reflux des cas, « 10 à 20 % des opérations sont encore annulées », alarme-t-il. A l'AP-HM (Marseille), la tension est moins forte qu'à Paris, avec 448 lits fermés sur un total de 2 700, soit 16% de l'offre de soins.
Comment expliquer ces fermetures ?
D'abord, l'absentéisme tournerait selon François-René Pruvot autour de 11% (contre 8 à 9% avant l'épidémie). Il est même plus fort à l'AP-HP (12% versus 8% avant la crise). Dans ces établissements, la semaine du 11 octobre, plus d'un millier de postes d'infirmières généralistes était vacant. A l'AP-HM, ce nombre est de 120. Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, 4 000 infirmières sont inscrites à Pôle Emploi, attendant de trouver un poste plus attractif en Suisse ou en Allemagne.
Ensuite, côté formation, malgré la fin du numerus clausus (34 000 places en première année pour 2021-2022 et plus de 36 000 places pour 2022-2023) pour les études de santé, il faudra encore plusieurs années avant de former de nouveaux praticiens. Ce que s'évertue à expliquer le ministre de la Santé Olivier Véran, qui déplore par ailleurs la démission en première année d'un millier d'étudiants infirmiers entre 2018 et 2021. Enfin, concernant les démissions de soignants suite à l'obligation vaccinale, leur impact serait relativement faible selon la conférence des présidents de CME de CHU, soit une centaine de suspensions sur les 13 000 salariés de l'AP-HM et un peu plus de 400 sur les 100 000 employés du paquebot parisien. Depuis la date du 17 septembre, jour de la mise en application de l'obligation vaccinale, un grand nombre de personnels soignants aurait finalement accepté de se faire vacciner pour réintégrer leurs postes.
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier