Des manifestations anti-masques se sont déroulées ces derniers jours aux États-Unis, en Allemagne, au Canada… En France aussi, même si le mouvement reste marginal, une centaine de personnes se sont réunies fin août à Paris pour protester contre l’obligation du port du masque. Ce lundi, la fondation Jean-Jaurès publie une première étude pour dresser le profil du mouvement des anti-masques. Antoine Bristielle, chercheur en sciences sociales a recueilli plus d’un millier de réponses à un questionnaire en ligne posté dans les groupes Facebook des anti-masques.
L’étude détaille d’abord les quatre raisons majoritaires de leur opposition au port du masque. Les deux premières reposent sur l’aspect médical et sont souvent justifiées par des fake news : le masque serait inutile et ne serait pas en mesure de protéger efficacement contre le virus. Il serait même dangereux car ne permettant pas une oxygénation suffisante et constituerait un véritable nid à bactéries. Le troisième argument repose sur l’idée que l’épidémie serait terminée ou n’aurait jamais existé. Enfin le but de l’obligation du port du masque serait d’asservir la population et de la priver de sa liberté.
Populisme et antisystème
Cette argumentation des anti-masques laisse déjà entrevoir le profil type de cette population. L’étude d’Antoine Bristielle, montre en effet une forte défiance vis-à-vis des institutions, notamment politiques : 2 % d'entre eux font confiance à Emmanuel Macron (contre 34 % dans la population générale), et 6 % à l’institution présidentielle (34 % en population générale). Même leur confiance dans les syndicats (10 %) ou dans les hôpitaux (53 % contre 87 % dans la population générale) est faible. « Ce sont clairement les franges les plus défiantes de la population qui manifestent leur refus de porter le masque, parce que justement elles n’ont aucune confiance dans la parole institutionnelle en général et dans celle des institutions politiques en particulier », note le chercheur.
Le profil « politique » des anti-masques se caractérise donc par une tendance populiste. D’après l’échelle Akkerman, qui permet de déceler l’attrait des citoyens pour les thèses populistes, « sur les six questions de l’échelle, l’accord des anti-masques concernant les considérations populistes est en moyenne douze points supérieur à ce que l’on constate dans l’ensemble de la population », note l’étude. 82 % considèrent ainsi que le peuple et non les responsables politiques devraient prendre les décisions politiques et 76 % voudraient être représentés par un citoyen ordinaire.
Les anti-masques rejettent les partis traditionnels et sont plutôt tentés par les extrêmes. 18 % se sont ainsi abstenus lors du premier tour de la présidentielle de 2017, 14 % ont voté blanc ou nul et 10 % n’étaient pas inscrits. 20 % ont voté pour Jean-Luc Mélenchon et 27 % pour Marine Le Pen.
Un profil atypique chez les complotistes
L’auteur souligne aussi « l’aspect libertarien » de la pensée des anti-masques. 87 % pensent que la société fonctionne mieux lorsqu’elle laisse les individus prendre la responsabilité de leur propre vie, 95 % que le gouvernement s’immisce trop dans notre vie quotidienne et 59 % que chacun doit être libre de faire ce qu’il veut.
Dans les groupes Facebook qu'il a cherché à infiltrer, le chercheur a aussi noté une adhésion importante aux thèses complotistes. 90 % adhérent notamment à l’idée que « le ministère de la Santé est de mèche avec l’industrie pharmaceutique pour cacher au grand public la réalité sur la nocivité des vaccins ».
L’étude met en lumière un profil relativement inattendu des anti-masques. Les femmes sont surreprésentées (63 %) et la moyenne d’âge est de 50 ans. « Leur niveau d'éducation est, lui aussi, assez haut avec un Bac +2 en moyenne (…) dès lors, les catégories sociales supérieures y sont également surreprésentées : les cadres et professions intellectuelles supérieures représentent 36 % des personnes interrogées alors que leur poids n'est que de 18 % dans l'ensemble de la population française. Au contraire, les ouvriers et employés ne représentent que 23 % des anti-masques interrogés, soit la moitié de leur poids réel dans la population française ».
Enfin l’étude note une proximité entre les anti-masques et les pro-Raoult, 87 % des personnes interrogées ayant une bonne opinion du professeur marseillais et 98 % estimant que chacun devrait être libre de se faire traiter ou non par hydroxychloroquine.
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