La Première ministre a annoncé dimanche sur BFM-TV la création d'une mission chargée de déterminer si « des adaptations » de l'aide médicale d'État (AME), qui permet aux étrangers en situation irrégulière d'avoir accès aux soins, sont « nécessaires ». Elle est confiée à Patrick Stefanini, haut fonctionnaire et figure des Républicains (LR), qui a notamment dirigé la campagne présidentielle de Valérie Pécresse, et à Claude Évin, qui fut entre autres ministre socialiste des Affaires sociales dans les années 90, désormais avocat.
Borne recadre Darmanin sur une aide d'urgence
« La position du gouvernement résultera bien sûr des conclusions de cette mission », a déjà précisé Élisabeth Borne, en qualifiant de « position personnelle » la proposition de Gérald Darmanin de transformer l'AME en simple aide médicale « d'urgence ».
Dans un entretien au Parisien dimanche 8 octobre, le ministre de l'Intérieur s'est à nouveau dit « favorable » à cette proposition « faite par Les Républicains et par les centristes ». Pour lui, « c'est un bon compromis qui allie fermeté et humanité, et je le dirai sur le banc du Sénat », lors de la présentation du projet de loi sur l'immigration, a-t-il lancé, avant même les arbitrages officiels.
L'AME est « un sujet d'abord de santé publique qui est régulièrement abordé à l'occasion de l'examen des projets de loi de financement de la Sécurité sociale », a cadré Élisabeth Borne. « Il est légitime de réinterroger ce dispositif qui doit concilier à la fois des enjeux de santé publique, d'humanité et en même temps veiller à lui donner des méthodes pour essayer de comprendre », a-t-elle souligné.
Braun voulait garder l’AME
L'AME, qui fait très régulièrement polémique depuis sa création en 2000, est l'une des cibles historiques à droite et à l'extrême droite, qui considèrent qu'elle génère un « appel d'air » pour l'immigration clandestine : l'AME couvre à 100 % les frais médicaux et hospitaliers des étrangers présents en France depuis au moins trois mois.
En quête de compromis avec la droite pour faire adopter son texte sur l'immigration, Gérald Darmanin s'était déjà dit au printemps prêt à « discuter des modalités » de cette aide, au grand dam du ministre de la Santé de l'époque, François Braun. Ce dernier avait défendu « des enjeux de santé publique ». « Ça veut dire quoi l’urgence ? Est-ce qu'on va soigner un diabète qui est déséquilibré et qu'on va laisser se déséquilibrer après ? », s'était interrogé le prédécesseur d'Aurélien Rousseau.
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