On attendait de cette séance de questions cribles entièrement consacrée à la médecine libérale au Sénat quelques annonces de la ministre de la Santé sur le bilan de la concertation, alors même que les premiers rapports d’étape des groupes de travail lui sont parvenus cette semaine. Finalement, il faudra attendre un peu. Peut-être Marisol Touraine en réservera-t-elle la primeure aux professionels de la maison de santé pluridisciplinaire de Magny-en-Vexin auxquels elle rendra visite vendredi matin.
Ce n’est pas faute pour l’UMP du Sénat d’avoir essayé de revenir sur les sujets qui fâchent. A commencer par Isabelle Debré. Observant que "les médecins ont eu le sentiment que votre projet de loi étatisait la médecine libérale", la sénatrice des Hauts-de-Seine s’est montrée directe : "allez-vous revenir sur les sujets qui inquiètent les professionnels libéraux ?" Même impression chez Catherine Deroche (Pays-de-la-Loire) : "Votre projet de loi provoque colère et inquiétude des professionnels de santé (...) Les syndicats de médecins ont dénoncé, unanimes, la complexité et la surcharge de travail que représente la généralisation du tiers payant..." Sur le sujet, c’est sans doute Gilbert Barbier (Jura), qui devait se montrer le plus incisif : "Faut-il basculer, avec le tiers payant généralisé, vers une médecine étatisée où le mot liberté n’a plus de sens ?"
En réponse, la ministre de la Santé s’est défendu sans dévoiler plus que ça ses batteries. Sur la concertation, elle a juste objecté que "loin des caméras, la négociation se poursuit pour améliorer le projet de loi." Sur le tiers payant, elle a répété ses promesses : "Je me suis engagée : si nous devons y travailler, c’est pour garantir un système qui ne coûte ni temps, ni argent aux professionnels de santé." Et pour le reste, elle a surtout réitéré qu’elle ne toucherait pas à la liberté d’installation. Enfin, au centriste et médecin Gérard Roche (Haute-Loire) soulignant que "la médecine générale, spécialité à part entière, doit être mieux reconnue" et suggérant que la question de la rémunération n’était "pas centrale" face à la surcharge de travail, Marisol Touraine a répondu, volontaire : "ces hommes et ces femmes, souvent nos médecins traitants, doivent être mieux connus et reconnus." Mais elle n’a pas vraiment dit comment...
En marge de cette séance de questions qu’il a présidée lui-même, Gérard Larcher (UMP) a fait savoir qu’il avait qu’entamé des consultations avec les représentants des professionnels de santé, en commençant par MG France. Faisant écho à "l'hostilité de l'ensemble des professions médicales", la présidence de la Haute Assemblée s’agace du calendrier retenu pour ce projet de loi adopté en conseil des ministres en octobre et qui ne sera débattu au Parlement qu'au printemps : "Il aurait été judicieux de mener d'abord une concertation approfondie, sans tabou et sans préjugé, avant de proposer une réforme aussi importante", indique son communiqué, qui ajoute que Gérard Larcher "suit avec attention l'évolution du conflit en cours et attend la concrétisation des engagements de la ministre de la Santé de faire évoluer les dispositions qui font débat au sein du projet de loi santé".
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