L’Île-de-France a assuré 40% des hospitalisations liées à la Covid en France. Pour assumer cette situation inédite, les professionnels de santé se sont mobilisés collectivement pour prévenir et assurer le besoin de prise en charge de l’ensemble des personnes contaminées. L’un des enseignements majeurs de cette période est que ce qui paraît impossible en temps normal peut être mis en place rapidement en temps de crise à la double condition d’un portage politique fort et d’un appui sur des acteurs déterminés. La mise en place de mesures collectives nouvelles pour soutenir les missions essentielles comme la recherche de lits ou l’appui aux transferts s’est révélée être une solution efficiente qui pourrait facilement être transposée dans un contexte « normal ». C’est dans cette réflexion que les acteurs du système de santé doivent s’engager aujourd’hui.
Concernant la gestion des lits, la région a été au centre de plusieurs plans nationaux et régionaux depuis des années dans un contexte de contraintes pour les établissements de santé (budgétaires et capacitaires) et de volonté d’un « virage ambulatoire » visant à mieux articuler l’offre de soins autour du parcours patient. C’est dans ce contexte également que la région avait posé avant la crise les principes d’un projet basé destiné à optimiser l’offre disponible pour accélérer l’hospitalisation des patients se présentant aux urgences : « le projet zéro brancard pour les patients en attente d’hospitalisation ». La mise en place d’un dispositif de « bed management » a donc depuis longtemps été identifiée comme un outil essentiel pour l’amélioration de la prise en charge des patients surtout au niveau des urgences avec une diminution du temps de passage avant hospitalisation, facteur lié à la mortalité.
Avec la crise, nous avons accompli en un temps record ce qui nous aurait pris des années à accomplir. Le 20 mars 2020, l’ARS Ile-de-France a mis en place en 48 heures un dispositif régional inédit, rendant possible l’augmentation massive du capacitaire en lits de soins critiques ou les évacuations vers d’autres régions. Grace à lui, c’est un peu comme si les établissements de santé franciliens publics et privés n’avaient formé qu’un seul hôpital au service de 12 millions de citoyens. Les objectifs de ce dispositif étaient de faciliter le travail de professionnels, d’optimiser le temps médical et soignant auprès des patients (en limitant la recherche de lits) et d’organiser le transfert des patients vers les établissements et services les plus appropriés. Nous avons ainsi pu répondre à un besoin en lits journaliers d’hospitalisation en soins critiques qui est monté à plus de 2600. Près de 250 établissements ont été contactés trois fois par jour par la cellule dédiée installée en un temps record à l’Agence, pour collecter les disponibilités en lits de soins critiques, médecine, chirurgie, obstétrique, SSR et soins palliatifs, avec une distinction des filières Covid et non Covid. Le choix a été fait d’intégrer d’emblée tous les établissements de santé de la région, quel que soit leur statut. Ces actions coordonnées de tous les acteurs, la mutualisation des forces et des capacités au niveau régional ont permis d’éviter les risques de rupture d’égalité devant l’accès aux lits d’hospitalisation.
Aujourd’hui, la réflexion doit s’engager autour de la fusion de ces outils de gestion des parcours, des capacités de prise en charge et du reporting de gestion de crise dans une solution logicielle unique avec interfaces associées (trajectoire, ROR, SIVIC, plateforme ressources, etc.). Cette crise nous rappelle combien le système de santé ne pourra se transformer et mieux répondre aux besoins des Franciliens sans effort de coopération collectif. Investir les liens entre la ville et l’hôpital, le public et le privé ou encore les ressources humaines en santé nous permettra de pousser encore plus loin cet élan créatif insufflé par la crise qui nous a permis d’aboutir à des solutions innovantes de prise en charge et d’accès aux soins.
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