Ce mercredi 14 juin, Thomas Fatôme a été reçu par la commission des Affaires sociales du Sénat. Dans un exercice de questions-réponses où il est apparu à l’aise, le directeur général de la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam) est d’abord revenu sur l’échec des négociations conventionnelles, lesquelles ont mené à la mise en place d’un règlement arbitral, dont il a reprécisé les modalités.
Au sujet des négociations passées, Thomas Fatôme a regretté un « climat difficile », avec une « campagne très violente sur les réseaux sociaux » et notamment « une information extrêmement déformée sur les propositions de l’Assurance maladie ». Alors, a-t-il enjoint, « à nous de mieux nous faire comprendre et intégrer les réseaux sociaux qui pèsent dans les discussions et mettent sous pression les syndicats aussi ».
L'engagement territorial à la trappe ?
Le ministre de la Santé lui avait, le 7 juin dernier, réitéré sa confiance. Malgré tout, il a esquissé le début d’un mea culpa sur l’engagement territorial « mal compris par nos parties prenantes entre la revalorisation de l’acte et un certain nombre de contreparties individuelles », ce qui « fait réfléchir sur comment aborder le sujet… », a-t-il ajouté.
Se disant « très attaché au dialogue conventionnel avec les médecins libéraux », Thomas Fatôme a affirmé souhaiter « réengager les discussions pour répondre aux enjeux d’attractivité de la médecine libérale et apporter une réponse aux besoins de soins de la population. » L’Assurance maladie travaille donc à une méthode, un calendrier et un objectif. Mais, note-t-il, « si chacune des parties repart avec la même position, nous aurons le même résultat… alors il faut bien réfléchir ! », a-t-il invité.
Travailler plus pour gagner plus
Le généraliste et sénateur de Paris Dr Bernard Jomier a tenu à noter que « les 30 euros sont un symptôme de quelque chose de plus profond : il y a un vrai malentendu sur la proposition de travailler plus pour gagner plus… les médecins ne veulent plus travailler plus ! » Ce à quoi Thomas Fatôme a souhaité se montrer optimiste : CPTS, MSP, assistants médicaux, les solutions existent. « L’enjeu n’est pas de faire travailler plus les médecins, mais de répondre à la réalité : il y a moins de médecins et plus de patients… », a-t-il déclaré.
« Nous sommes favorables à engager des évolutions qui permettent de rééquilibrer le niveau de rémunération entre les généralistes et les autres spécialistes ». Il a rappelé qu’un généraliste gagne en moyenne avant impôt 90 000 euros par mois, contre 140 000 euros pour des spécialistes.
Soutenir le statut de MT
« Pourquoi être médecin traitant, toute la semaine, exercer un métier difficile, prendre en charge des patients jeunes, moins jeunes, prendre du temps ; si, en réalité, il vous suffit de travailler deux jours par semaine dans un centre de soins non programmés, une demi-journée dans un centre de téléconsultation et avoir un niveau de rémunération comparable. C’est ça, le danger qui nous guette », prévient-il devant les sénateurs.
Soutenir la rémunération des MT est important pour le DG de la Cnam, qui ajoute : « Si nous ne répondons que par l’acte, alors nous soutiendrons autant les consultations dans les centres de SNP que chez les médecins traitants ! »
Des moyens d'incitation différents
« Nous réfléchissons à des moyens d’incitation différents », notamment la part forfaitaire. « Le forfait médecin traitant… faut-il davantage utiliser ce levier ? C’est une réflexion que nous avons », avance Thomas Fatôme.
« Il faudra de nouvelles propositions, mais aussi des solutions qui répondent aux besoins de santé des assurés sociaux et le maintien de l’attractivité médicale », a-t-il conclu. « Monsieur Fatôme, soyez moins timide avec les médecins si vous voulez les encourager ! », a ironisé la présidente de la commission des Affaires sociales, Catherine Deroche (LR).
La Cnam attentive aux déconventionnements
Alerté à plusieurs reprises sur la financiarisation de la santé, le DG de la Cnam a rappelé que l’offre de téléconsultation illimitée de Ramsay Santé n’est pas remboursée par l’Assurance maladie (sauf les éventuelles prescriptions). « Mais un tel dispositif ne répond pas à un système de santé solidaire », a-t-il ajouté.
Au sujet des déconventionnements, Thomas Fatôme a donné les chiffres de 22 demandes émanant de généralistes depuis la fin des négociations conventionnelles et 3 spécialistes, sans souhaiter les commenter. L’Assurance maladie reste « extrêmement attentive » à ce sujet, a expliqué Thomas Fatôme, qui parle d’une « décision lourde pour les patients ». Ce dernier, amer, « regrette très vivement les appels au déconventionnement lancés par certains responsables ».
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