Les hospitalisations pour infections bactériennes résistantes ont coûté, en France, environ 290 millions d'euros en 2015, selon deux études publiées par l'unité mixte de recherche Biostatistique, biomathématique, pharmacoépidémiologie et maladies infectieuses (université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Inserm et Institut Pasteur). Au cours de l'année 2016, les bactéries résistantes aux antibiotiques ont de plus causé près de 140 000 hospitalisations. Ces deux travaux s'appuient sur l'exhaustive base de données du système national des données de santé (SNDS), qui regroupe l’ensemble des données d'hospitalisation en France.
Les données concernant les hospitalisations pour infections bactériennes aiguës n'étaient pas toutes exploitables, faute d'un bactériogramme systématiquement réalisé ou renseigné. Dans un premier article publié dans « Epidemiology et Infection », l'équipe du Pr Christian Brun-Buisson et de Laurence Watier a donc concentré son travail sur les 385 655 dossiers où figurait ce type d'informations. Ils ont ensuite extrapolé ces résultats en prenant le soin de prendre en compte l'âge, le genre et le site de l'infection. En tout, 139 105 hospitalisations pour infections multirésistantes auraient eu lieu en 2016, soit un taux de résistance de 12,3 %.
Une étude cas-contrôle
Les coûts ont quant à eux été évalués dans le cadre d'un autre publié dans « Applied Health Economics and Health Policy ». Toujours à partir des informations épidémiologiques du SNDS, l'équipe a réalisé une étude cas contrôle, où les cas étaient les patients hospitalisés en 2015 pour une infection bactérienne résistante, et les contrôles des patients présentant les mêmes caractéristiques, mais hospitalisés pour une infection par des bactéries sensibles aux antibiotiques.
Les chercheurs ont pu calculer, pour chacun des 52 921 couples de patients, les différences de coût de prise en charge. En moyenne, un séjour pour une infection résistante coûte 1 103 euros de plus à l'Assurance-maladie qu'un séjour pour une infection bactérienne non-résistante. Cette différence s'explique en partie par la différence de durée d'hospitalisation : 1,6 jour de plus en moyenne en cas d'infection multirésistante. En extrapolant ces résultats à l'ensemble des séjours hospitaliers, le surcoût lié à la résistance bactérienne serait donc de 287,1 millions.
C'est la première fois que l'on dispose de telles estimations basées sur des données médico-administratives réelles. « Il ne s'agit que des coûts pour l'Assurance-maladie, prévient toutefois le Pr Brun-Buisson, si l'on ajoute l'ensemble des frais d'hospitalisation, il faut au moins doubler cette somme », affirme-t-il.
Une base pour les études à venir
Avec ces données chiffrées, les pouvoirs publics disposent désormais d'un point de départ pour réaliser des évaluations régulières du poids financier de la résistance bactérienne. « Beaucoup de travaux de modélisation mathématiques sont menés pour prévoir les effets des politiques de santé publique, précise Laurence Watier. Notre travail prouve que le SNDS fait partie des sources de donnée de bonne qualité qui pourraient être utilisées dans ce cadre. »
« Ces presque 300 millions d'euros constituent un coût plancher qui devrait motiver les décideurs politiques quant à l'intérêt de mesures de prévention », espère le Pr Brun-Buisson.
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