« Pour sauver la PMI, agissons maintenant ! », alertent à l’unisson les professionnels de santé des services de protection maternelle et infantile (PMI). Médecins, sages-femmes, psychologues et infirmières puéricultrices lancent ensemble un mot d’ordre de mobilisation ce vendredi sur la plateforme « assurer l’avenir de la PMI ». Objectif : redynamiser la prévention en santé infantile, familiale et juvénile au moment où l’on assiste à une remontée inédite de la mortalité périnatale et infantile en France. Professionnels de PMI et de santé sexuelle, mais aussi autres acteurs de santé, parents et citoyens sont ainsi invités à relayer l’appel adressé au ministre de la Santé et de l’accès aux soins.
Les professionnels du secteur jugent que la situation n’est plus tenable. En effet, alors « que les inégalités de santé progressent, les effectifs de nos services ne cessent de baisser », expose le Dr Pierre Suesser, coprésident du Syndicat national des médecins de PMI. Selon la Drees, service statistique du ministère de la Santé, les services de PMI comptaient 2 250 médecins en 2010 (soit 21 % des équivalents temps plein du personnel de PMI). Douze ans plus tard, les effectifs médicaux ont fondu comme neige au soleil : seuls 1 397 praticiens sont en exercice (soit 13 % des ETP des services de PMI). Au final, c’est 850 ETP de moins, soit une baisse annuelle moyenne de 3,9 %.
Médecins de la fonction publique
En 2019 déjà, l’ex-députée Renaissance Michèle Peyron tirait la sonnette d’alarme dans un rapport qui fait toujours autorité. En 1995, près de 900 000 enfants avaient été vus en consultation de PMI, représentant 2,7 millions d’examens. Plus de deux décennies plus tard, « on est passé à 550 000 consultations représentant 1,49 million d’examens, soit une baisse de 45 % », déplorait l’élue. Avec un constat éloquent : « Sans un sursaut des pouvoirs publics, la poursuite des évolutions observées pourrait aboutir à une extinction de la PMI dans la majorité des départements d’ici une décennie. »
Au-delà des effectifs, c’est la reconnaissance statutaire et financière qui pose toujours problème. Les acteurs du secteur voulaient croire que les Assises de la pédiatrie, en mai dernier, allaient rectifier le tir. En effet, la feuille de route prévoyait plusieurs chantiers pour revitaliser les services de PMI – dont 40 millions d’euros par an pour le secteur. Or, « aucune des mesures de la feuille de route (…) n’a été mise en œuvre depuis », relève la Dr Cécile Garrigues, également coprésidente du SNPMI.
Parmi les demandes phares du syndicat figure la création d'un « cadre statutaire commun » à l’ensemble des médecins salariés de la fonction publique (PMI/santé sexuelle, santé scolaire, centres de santé, ministères-ARS) en alignant leur grille sur celle des praticiens hospitaliers. « Le salaire d’un médecin de PMI en début de carrière est de 2 900 euros brut », rappelle le Dr Suesser (versus 4 500 euros brut pour un PH).
Objectifs stratégiques
Au-delà des médecins, toutes les professions de la PMI réclament une revalorisation de leur grille salariale. Un choc d’attractivité seul à même d’assurer l’atteinte des objectifs minimaux de couverture populationnelle par la PMI, ce qui passe aussi par des normes minimales d'effectifs (une puéricultrice pour 120 naissances, un médecin pour 350 naissances, une sage-femme pour 530 naissances, etc.). Montant de l’effort financier à terme ? Quelque 500 millions d’euros, ce qui porterait « l'ensemble de la dépense de PMI à un milliard d’euros, en y intégrant le remboursement de l'activité des puéricultrices et des psychologues ».
La plateforme adressée au ministre de la Santé recommande aussi une gouvernance partagée du dispositif de PMI/santé sexuelle, à la faveur d'une commission nationale PMI/santé sexuelle, chargée de coconstruire des objectifs stratégiques et opérationnels.
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